Entreprise : méditer pour mieux manager ?






18 Juillet 2014

Des ateliers, des séminaires… En entreprise, des patrons incitent leurs salariés à méditer, et le font eux-mêmes. Le but : bienfait et bien-être pour tous. Comme souvent, le phénomène a pris aux Etats-Unis.


Il y a des pointures pour cela, Matthieu Ricard, moine bouddhiste et traducteur du Dalaï-Lama. Il forme une drôle d’équipe avec Chade-Meng Tan, un ingénieur californien, salarié chez… Google. Ensemble, ils parlent devant un auditoire ébahi, méditation, sérénité et paix. Leur message commun est d’apprendre aux salariés à lever le pied. Si le boss, le fait aussi, alors ça marche. Parce que oui, finalement, la méditation a sa place dans les grandes entreprises. Ils en apportent la preuve.

Pour Chade-Meng Tan, l’aventure a commencé il y  sept ans. Pendant les 20% de temps de travail que Google donne à ses employés, pour se consacrer à des projets perso, ce qui déjà en soi, est une avancée énorme, l’ingénieur a eu l’idée de ce programme Search Inside Yourself, soit se connecter avec soi-même. L’objectif est d’aider les salariés à travailler leur attention et à la ramener à un instant T, « pour libérer en eux un espace calme. » En gros, être plus efficace, plus productif, mais plus cool aussi. Création, efficacité et relations avec les autres sont améliorées.

Comme par hasard, ce genre d’initiatives a égrainé en Californie, et principalement dans la Silicon Valley, sièges de tous les géants de l’Internet et de l'informatique. Les employés sont tellement happés par les nouvelles technologies, ultra connectés, mais à l'inverse, ils se retrouvent de moins en moins connectés avec eux-mêmes. Il fallait donc faire quelque chose. Et ce n’est pas étonnant, si ce mouvement de méditation dans les entreprises a pris sur ce terreau 2.0.

Même son de cloche chez le fondateur de Twitter, Evan Williams, qui est maintenant à la tête de Medium, une start-up. Il propose à ses employés des séances quotidiennes de méditation. Aux États-Unis, il y a même des applications, comme Headspace, apparemment assez addictive. D’ailleurs, dans la Silicon Valley, appli pour smartphones et tablettes, livres sur le sujet, cartonnent.

Bientôt d'ailleurs, au pays des geeks, on peut s’attendre à tout : un détecteur saura, en fonction de votre respiration ou de votre rythme cardiaque, si vous avez besoin de faire une pause. L’alerte arrivera évidemment sur votre portable !

Aux États-Unis, souvent précurseurs, la médiation est donc entrée dans l’entreprise, et dans l’entreprise 2.0. De plus en plus de patrons la pratiquent et même des budgets y sont alloués. Au Forum de Davos, d'ailleurs, elle est même enseignée. Pourquoi ? Parce qu’il s’avère que ce qu’on nomme la méditation en pleine conscience, sortie de toute préoccupation à la dimension spirituelle, est comme une « gymnastique de l’esprit », précise Chade-Meng Tan.

Le résultat est positif dans tous les sens : moins d’angoisse et d’anxiété, apaisement, entre autres. Par exemple, il a pris l’habitude de faire un break de pleine conscience dix secondes par heure, pour « muscler son attention. » dit-il.

En France, c’est le chef surbooké de l’Hôtel Mandarin Oriental, Thierry Marx qui prône la méditation dans l’entreprise. Histoire d’« analyser sereinement les choses » et d’améliorer la gestion de ses 450 salariés. Mais la pratique reste plus rare que chez les geeks de la Silicon Valley. Comme ils sont visionnaires, attendons quelque temps, que cette pratique arrive chez nous !