Grève : bras de fer entre les médecins libéraux et l'État






12 Octobre 2023

Face à des revendications non satisfaites, les médecins libéraux menacent de paralyser le secteur de la santé dès ce vendredi 13 octobre 2023. Cette action est reconductible tant qu'ils n'auront pas eu gain de cause


Revalorisation des tarifs de consultations

Face à une médecine sous tension, Philippe Cuq, porte-parole de l'intersyndicale des médecins libéraux, a fermement annoncé, lors d'une conférence de presse, mardi 10 octobre 2023, (qu') « à compter du 13 octobre, la médecine libérale va s’arrêter ». Une décision lourde de conséquences qu’il justifie en évoquant une action entreprise « la mort dans l’âme ». Une déclaration appuyée par l'ensemble des syndicats des médecins libéraux comme peut en témoigner la déclaration de Mélanie Rica-Henry, médecin généraliste, et qui avertit des risques liés à cette grève : « il faudra se rendre aux urgences, qui risquent d'être dramatiquement surchargées ».

Cette mobilisation vise principalement deux points de contention : la revalorisation des tarifs de consultation et la réécriture de la loi Valletoux. Philippe Cuq souligne : « Nos cabinets, qui sont des petites entreprises libérales, ne peuvent pas vivre avec des tarifs qui pour certains datent de 1990 ». En effet, face à une récente augmentation jugée plus qu'insuffisante (+1,5 euros à compter du 1er novembre 2023), l'intersyndicale exige de nouvelles négociations de la convention médicale en vue d'obtenir une revalorisation des tarifs de consultations de 3,5 euros minimum (prix demandé lors des dernières négociations), ce qui ferait passer le prix d'une visite chez le médecin à 30 euros.

 


Rejet de la loi Valletoux

L'intersyndicale des médecins libéraux vise à faire rejeter la proposition de loi, dite Valletoux , du nom du député qui en est à l'origine (Frédéric Valletoux, Horizon), et qui passera en seconde lecture ce vendredi 13 octobre 2023 au Sénat. Destinée à résoudre la problématique des déserts médicaux, cette loi est perçue comme un véritable carcan par l'ensemble des professionnels de la médecine libérale.

Deux points en particulier poussent à son paroxysme le mécontentement des médecins libéraux. D'une part, la loi prévoit d'obliger les professionnels à assurer des permanences de soins nocturnes et le week-end. Théophile Denis, représentant de l'intersyndicale, relève l'incohérence de cette mesure en pointant du doigt la faible rémunération des gardes de nuit et la charge de travail que cette mesure représente pour la profession : « Les gardes de nuit des internes sont payées 11,52 euros de l'heure, alors qu'il s'agit d'un travail épuisant, exigeant et indispensable à notre système de santé ». D'autre part, la loi Valletoux contraint les professionnels de santé, n'ayant jamais travaillé en établissement, à renoncer à la signature d'un contrat d'intérim.


« Vendredi noir », le début d'une grève reconductible et illimitée

Ce mouvement d'envergure, présenté comme illimité, place l'État face à ses responsabilités. La pression sur le Sénat et le gouvernement est maximale. La grève pourrait ainsi conduire les services publics à un point de rupture, avec des conséquences potentiellement désastreuses pour les patients.

En effet, si l'on suit les estimations de l'intersyndicale des médecins libéraux, la grève pourrait entraîner la fermeture de 70 à 80 % des cabinets médicaux dès ce 13 octobre 2023. Si vous êtes en attente de soins spécifiques, vous n'aurez d'autre choix que d'appeler le numéro 15 pour être redirigé vers une structure qui sera en capacité de vous prendre en charge. Pour de
« simples » consultations, les téléconsultations(sur Doctolib par exemple) resteront disponibles et la meilleur option. Concernant les ordonnances, il vous sera possible de demander un renouvellement de votre traitement en pharmacie à condition que vous soyez déjà en possession d'une ordonnance et que celle-ci ne dépasse pas une date de délivrance trop élevée (date peut varier suivant le traitement et sa posologie).