Vous présentez jusqu’au 31 mai des clichés de Serge Gainsbourg à la Galerie de l’Instant. Quelle est l’histoire de cette exposition ?
A l’occasion des 25 ans de la mort de Serge Gainsbourg, j’ai été contacté par de nombreuses galeries afin de lui rendre hommage. Je connais Julia Gragnon depuis très longtemps, elle avait déjà exposé au sein de sa galerie des photographies de Serge Gainsbourg. C’était donc une occasion de se retrouver.
Vous l’avez évoqué : nous commémorons cette année la mort de Serge Gainsbourg. Comment expliquez-vous que l’artiste fascine toujours autant aujourd’hui ?
© Tony Frank / La Galerie de l'Instant
Je dirais même qu’il fascine encore plus aujourd’hui que par le passé. Je me souviens que lorsque l’album "Melody Nelson" est sorti, nous étions tous comme des fous à la sortie de cet album-concept. L’album a cependant été boudé par le public à sa sortie, ce qui a affecté Gainsbourg. En tant qu’interprète, il a bien fonctionné seulement à la fin de sa carrière. Je me souviens notamment sa joie quand il est remonté sur scène après plus de dix ans, avec Bijou, le groupe de rock. Ensemble ils se sont produits au Théâtre Mogador avec une reprise de la chanson Les papillons noirs. J’ai eu la chance d'assister à ce beau moment.
Aujourd’hui "Melody Nelson" est reconnu comme un album majeur et influence de nombreux musiciens comme Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin, du groupe Air. Ils l’écoutent religieusement tous les ans! Serge est également devenu mythique grâce à tous les titres qu’il a écrit pour les autres, et notamment pour les femmes. J’imagine qu’au fil des années, son talent a enfin été reconnu. Le public a compris à quel point il était rock'n'roll.
Aujourd’hui "Melody Nelson" est reconnu comme un album majeur et influence de nombreux musiciens comme Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin, du groupe Air. Ils l’écoutent religieusement tous les ans! Serge est également devenu mythique grâce à tous les titres qu’il a écrit pour les autres, et notamment pour les femmes. J’imagine qu’au fil des années, son talent a enfin été reconnu. Le public a compris à quel point il était rock'n'roll.
Parmi les photos mythiques de cette exposition, celle de la pochette de l'album-concept Melody Nelson. Comment s’est déroulée la séance ?
J’ai l’habitude de discuter avec les artistes avant de réaliser leurs pochettes d’albums. Mais en ce qui concerne "Melody Nelson" je n’en avais aucune idée, même si j’avais entendu quelques bribes lorsque Serge composait l’album à Londres. Serge m’a demandé de venir en studio afin de prendre la photo de l’album. Jane Birkin, alors enceinte de trois mois, était seule quand je suis arrivé. Serge était en retard. J’ai donc commencé à tout installer et à faire les premiers réglages sans vraiment savoir ce que cela allait donner. Puis Serge est arrivé : il était parti chercher une perruque car le personnage de Melody, créé par Serge, avait les cheveux rouges. J’ai dirigé Jane de manière générale. Serge lui savait ce qu’il voulait. La photo est née de cette manière.
Quel rapport Serge Gainsbourg avait-il avec la photographie et vos portraits de lui ?
Serge adorait l’image. Il a même mis en scène des clips et des moyens métrages. Il a également fait un livre de photos « Bambou et les poupées ». Il avait une idée assez précise de ce qu’il voulait et m’a souvent demandé des conseils techniques.
En ce qui concerne les portraits que j’ai fait de lui, il en était assez content je crois. Certains clichés figuraient d'ailleurs parmi ses préférés. Il me demandait d'immortaliser des moments de vie. Nous choisissions les photos ensemble.
En ce qui concerne les portraits que j’ai fait de lui, il en était assez content je crois. Certains clichés figuraient d'ailleurs parmi ses préférés. Il me demandait d'immortaliser des moments de vie. Nous choisissions les photos ensemble.
De Franck Zappa à Sammy Davis Junior en passant par Alain Bashung ou Léo Ferré, vous avez photographié beaucoup de célébrités. Pourquoi avoir choisi de les photographier eux, plutôt que des inconnus?
© Tony Frank / La Galerie de l'Instant
Je ne suis pas fasciné par les célébrités, je n’ai jamais été un fan. J’ai plutôt été ami avec les personnes que je photographie, sinon je n’aurai pas pu travailler avec eux. Au début, j’ai fait des photos de jazzmen, car j’adorais le jazz. Puis j’ai commencé à photographier les artistes sur scène comme Louis Armstrong, Modern Jazz Quartet ou Gerry Mulligan. J’avais la passion de la photo et de la musique.
Avec l’arrivée du rock’n’roll, j’ai commencé à sortir au Golf Drouot, fréquenté par Johnny Hallyday ou Eddy Mitchell. C’est là que je les ai rencontrés et j’ai commencé à travailler avec eux, puis avec James Brown, les Who… J’ai également travaillé sur les tournages de films où j’ai pu photographier Alain Delon ou Jean-Paul Belmondo.
Avec l’arrivée du rock’n’roll, j’ai commencé à sortir au Golf Drouot, fréquenté par Johnny Hallyday ou Eddy Mitchell. C’est là que je les ai rencontrés et j’ai commencé à travailler avec eux, puis avec James Brown, les Who… J’ai également travaillé sur les tournages de films où j’ai pu photographier Alain Delon ou Jean-Paul Belmondo.
En plus de cinquante ans de carrière, quelle célébrité auriez-vous aimé immortaliser ?
Je regrette de ne pas avoir pu photographier Frank Sinatra et Elvis Presley.
Vous êtes également le photographe de la photo de Michel Polnareff qui a scandalisé à l’époque. Quel est votre regard portez-vous aujourd’hui sur cette affaire ?
A l’époque, nous avions fait cette photo comme un gag potache. J’ai été convoqué à la brigade des moeurs et nous avons été condamnés à payer une amende. Je peux vous dire que je n’en menais pas large lorsque j’ai atterri Quai des Orfèvres. Ma photo a été saisie au même titre que les magazines pornos, alors qu’elle n’avait rien à voir avec cela.
Avec le recul, je pense qu’il en faudrait plus aujourd’hui pour choquer les gens. Quand je vois les magazines affichés sur les devantures des kiosques à journaux, je ne trouve d’ailleurs pas toujours cela de bon goût. Je me rends compte aussi dès que l’on parle de Polnareff, on fait référence à cet épisode, ce qui, à l’époque, avait le don de l’agacer. Aujourd’hui, je crois qu’il est assez content que l’on en parle.
Avec le recul, je pense qu’il en faudrait plus aujourd’hui pour choquer les gens. Quand je vois les magazines affichés sur les devantures des kiosques à journaux, je ne trouve d’ailleurs pas toujours cela de bon goût. Je me rends compte aussi dès que l’on parle de Polnareff, on fait référence à cet épisode, ce qui, à l’époque, avait le don de l’agacer. Aujourd’hui, je crois qu’il est assez content que l’on en parle.
Pour reprendre notre "baseline", en quoi êtes-vous un photographe «Not Like The Others » ?
Parce que j’ai eu les cheveux longs avant les autres ? Plus sérieusement c’est une question difficile. De quels autres parle-t-on ? Je crois que j’ai toujours respecté les gens. J’ai toujours essayé de parler avec eux avant de faire une photo pour savoir dans quel contexte ils vivent, quelles sont leurs racines… j’ai à cœur de ne pas trahir leur esprit. Cette confiance est importante à mes yeux. C’est peut-être ce qui me différencie des autres.
© Tony Frank / La Galerie de l'Instant
SERGE GAINSBOURG
Du 11 mars au 31 mai 2016
Quel que soit notre âge, Serge Gainsbourg fait partie de nos vie. Nous avons tous eu notre période Gainsbourg et nos époques préférées dans sa carrière. Comme souvent, la Galerie de l'Instant propose une sélection extrêment subjective, mais qui surprendra les visiteurs.
Curieux? Rendez-vous sur le site de la Galerie de l'Instant
Du 11 mars au 31 mai 2016
Quel que soit notre âge, Serge Gainsbourg fait partie de nos vie. Nous avons tous eu notre période Gainsbourg et nos époques préférées dans sa carrière. Comme souvent, la Galerie de l'Instant propose une sélection extrêment subjective, mais qui surprendra les visiteurs.
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