La bourde d’un Biden pas à la hauteur des enjeux de la crise internationale



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28 Mars 2022

Alors que la visite de Joe Biden en Europe devait être l’occasion de démonter la force de l’Occident face à la Russie, la surenchère verbale du président américain a considérablement affaibli les arguments des Européens.


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La Maison Blanche a eu beau rétropédaler, expliquer que Joe Biden ne souhaitait pas un changement de régime en Russie, le mal était fait. Et la visite du président américain a finalement été une nouvelle fois l’occasion de démonstrations et d’arguments moraux plutôt que de repères stratégiques. « Dès lors qu’il n’est pas question de défaire militairement la Russie, dès lors que Joe Biden a lui-même reconnu les limites des sanctions économiques comme arme dissuasive, la fin de la guerre en Ukraine ne pourra être obtenue que par un cessez-le-feu entre Kiev et Moscou, voire par un accord politique et territorial. Il avait bien fallu négocier les accords de Dayton (en 1995) avec Slobodan Milosevic, le président serbe, pour mettre un terme à la guerre en Bosnie, avant que ce dirigeant ne finisse devant le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Cette phrase de Joe Biden ne doit pas être surinterprétée mais elle paraît maladroite. Elle crispe Paris et Berlin, qui sont focalisés sur l’arrêt des combats. Elle alimente la rhétorique paranoïaque du régime russe – qui a déjà assez d’imagination à revendre en la matière – sur les complots occidentaux. Elle introduit aussi de la confusion sur les buts poursuivis par la Maison Blanche, en détournant l’attention de la guerre en Ukraine et en semblant dessiner un nouveau front, intérieur et politique, en Russie même » analyse Le Monde .

La visite européenne de Joe Bien apparait plutôt comme une occasion manquée. Car alors qu’un discours ferme sur des aspects tactiques et le soutien des alliés mais raisonnable et appelant à la paix pouvait mettre plus de pression politique sur Moscou, l’écart verbal encourage les discours officiels russes. Il devient désormais facile de, même avec mauvaise foi et force de propagande, s’étonner d’être critiqué pour vouloir faire chuter un président élu quand le président américain a l’air de faire la même chose.