La course à la bonne note






11 Février 2016

Sur les sites de partage comme Airbnb ou Blablacar, l’évaluation des utilisateurs est à double tranchant.


La dictature des notes. Sur les sites de partage, comme Airbnb, Homestay ou Blablacar, pour ne citer qu’eux, le dispositif d’évaluation entraîne une certaine angoisse. Angoisse pour ne pas dire insatisfaction, vexation ou frustration, voire obsession. C’est beaucoup plus de cela dont il s’agit.
 
C’est ce qu’a remarqué la journaliste Guillemette Faure qui s’est posée la question pour M Le Magazine du Monde. Ressentiment et rancœur restent bien ancrés. Même des mois, voire des années après, lorsqu’il s’agit d’une étoile en moins, d’un avis ou d’un commentaire négatifs. Les loueurs ou les chauffeurs ont ainsi un mal fou à digérer une mauvaise évaluation.
 
La peur de la mauvaise note ou de la mauvaise évaluation reste très prégnante. Est-ce à cause d’une société insidieusement habituée aux Likes ? Faut croire. Dans tous les cas, pour être liké, on se surpasse : « on a passé la journée à nettoyer l’appart tellement ça nous excitait d’avoir une bonne note », peut-on lire dans M. Il y a aussi le serpent qui se mord la queue : « un type nous a mal notés sur Drivy parce qu’on l’a mal noté, et ça a fait baisser notre moyenne. »
 
Aujourd’hui, noter serait devenu la grande affaire. Des sites, des applis, des services… Jusqu’à la tyrannie ? Oui. Les chauffeurs Uber par exemple, ne vivent pas toujours bien « la pression de leur évaluation par les passagers. » D’ailleurs eux-aussi mettent de notes. Ainsi, « la plate-forme leur transmet la note moyenne du client. » Elle se trouve dans le menu « aide ». Un moyen de boucler la boucle. Peut-être, mais pas forcément objectif.

Dans la réalité, la concurrence est telle, comme l’offre et la demande, que « la note pousserait chacun à donner le meilleur de lui-même et permettrait aux utilisateurs d’avoir droit aux meilleurs services », selon M. Dans les faits, la peur de la mauvaise note ou de la mauvaise évaluation serait en train de faire de notre société, une société servile et complaisante. D’autres, plus impliqués, comme Paulin Dementhon le patron de Drivy, pensent que ce système « apprend aux gens à collaborer. » À voir.