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La guerre sous-marine sino-américaine autour de la donnée.







19 Octobre 2020

Après le réseau 5G, les câbles sous-marins de fibre optique sont le nouveau front de guerre économique sino-américaine autour de la donnée. La FCC américaine tente d’empêcher le déploiement de liaisons détenues par les sociétés chinoises reliant le continent américain à l’Empire du Milieu.


Comme l’a révélé le média spécialisé dans le renseignement Intelligence Online du 13 octobre 2020, Washington suit de près les contrats de câbles sous-marins en France, convoités par Huawei. C’est notamment le cas du câble SEA-ME-WE 6 (South East Asia–Middle East–Western Europe 6) qui devrait passer par le sud-est de l’Asie, le Moyen-Orient, pour atterrir en Europe de l’Ouest, plus précisément à Marseille. Ce chemin qui rappelle les nouvelles routes de la soie est un enjeu économique et géopolitique, car il concerne tout simplement la donnée, le nouveau pétrole comme aiment à l’appeler les analystes. Les États-Unis y prêtent donc une attention particulière. Ainsi, le 30 septembre 2020, Geoffrey Starks, un membre de la Commission fédérale des communications (FCC), organe en charge de la délivrance des licences d’exploitation de ces pipelines, a appelé à l’examen des câbles sous-marins qui transportent la majeure partie des données mondiales d’Internet (99 %) : « nous devons regarder de près les câbles atterrissant dans les pays adverses ». Starks a précisé qu’il s’agit entre autres des câbles reliant les États-Unis et la Chine, dont certains sont en partie détenus par des entreprises chinoises. 

Cette guerre sous-marine silencieuse a été analysée et annoncée il y a quelques mois déjà dans un passionnant ouvrage intitulé « La face cachée de l’intelligence artificielle » (VA Editions, 2020), du chercheur Boussad Addad. Le chapitre « une guerre à vingt mille lieues sous les mers » du livre aborde en effet un champ de bataille autour des câbles sous-marins dont les acteurs clés ne sont rien d’autre que les géants américains du web (GAFAM) et des entreprises chinoises comme Huawei Marine, une filiale inconnue du grand public du chinois Huawei, spécialisée dans le déploiement de câbles sous-marins. Après l’avoir écarté des routes des airs de la donnée [5G] dans divers pays, les États-Unis tentent de fermer la voie des océans à Huawei et les autres opérateurs chinois. Les effets de cette bataille sont déjà palpables. La FCC a approuvé en avril dernier l’exploitation par Google d’un câble sous-marin de 8000 km reliant les États-Unis à Taiwan, mais pas la portion allant vers Hong Kong, soulevant des « inquiétudes sur la sécurité des données ». Google et Facebook ont aidé au financement de toute la liaison, mais les autorités américaines ont bloqué l’exploitation de cette portion. Les deux entreprises ont donc jeté l’éponge. Aussi, le 10 septembre, Facebook, Amazon, et China Mobile ont annoncé le retrait de leur offre de construction d’un câble reliant San Francisco à Hong Kong. 

L’ancienne colonie britannique se retrouve ainsi de plus en plus isolée du reste du monde et jetée dans les bras de la Chine. Les États-Unis montrent encore une fois qu’il n’y a pas d’alliés sur la scène géopolitique mondiale, mais des intérêts à défendre. Après l’affaire TikTok, tout laisse à croire que l’intelligence artificielle et la donnée sont désormais la priorité des priorités de l’Oncle Sam.