C’est au début des années 2000 que le Qatar et le sport français ont entamé une relation d’abord discrète, puis nettement plus médiatisée depuis 2011 avec le rachat du mythique club de football du Paris Saint Germain. L’acquisition du club le plus célèbre de Paris et d’Île-de-France sera immédiatement suivie par le lancement d’une chaîne de télévision consacrée au sport, beIN Sport, celle-ci allant de pair avec l’achat des droits de diffusion de la Ligue 1 de football et de la Ligue des Champions sur la période 2011-2016.
L’investissement du Qatar auprès du PSG aurait pu aller plus loin, avec le rachat de l’enceinte du parc de Princes. Mais la négociation n’a pas été menée à son terme. Les Parisiens se sont toutefois longtemps interrogés sur l’origine de la proposition : « Deux versions circulent. La première fait état d'une demande de Nasser Al-Khelaïfi, le président du PSG, à Anne Hidalgo la maire de la capitale. La seconde épouse l'idée d'une requête transmise par la Ville au club, afin de savoir si ce dernier serait intéressé par une vente », explique Le Parisien (1)… De là à penser que la Mairie de Paris a tenté de trouver des fonds et fait une proposition à l’investisseur, il n’y a qu’un pas, d’autant que, lorsqu’elle n’était que candidate, l’actuelle maire de Paris était favorable à cette vente.
Au-delà du foot, des investissements nombreux et variés
Le rachat du PSG marquera le début d’une stratégie d’investissements tous azimuts.
Il faut dire que le sport est un pilier de l’action politique nationale et internationale de l’ancien dirigeant qatari, le Cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, depuis son arrivée au pouvoir en 1995. Son successeur depuis 2013, le Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, poursuit sur la même lancée. L’objectif affiché reste de « promouvoir le pays comme le premier centre de sport au monde » (3). Une telle ambition nécessite un investissement, au sens politique et financier, considérable pour un petit pays comme le Qatar. Ce sera la mission du QSI (Qatar Sports Investments), et celui-ci ne va pas lésiner sur les moyens, à la mesure des revenus du monarchie du Golfe.
Premier fait d’arme du QSI, et pierre d’angle de la stratégie déployée à l’international : la réception en 2006 des Jeux Asiatiques (Jeux Olympiques continentaux). Suivront l’accueil des mondiaux d’athlétisme en salle en 2010, le rachat du PSG, mais aussi du Club parisien de Handball, le lancement de beIn Sport, la réception des Jeux de Handball en 2015, et l’organisation chaque année depuis 2006 du Tour du Qatar. Sans compter, depuis 2008, sur l’organisation du prestigieux Grand Prix de l’Arc de Triomphe à l’hippodrome de Longchamp. Un parcours stratégique couronné par l’attribution au Qatar de l’organisation de la prochaine coupe du monde de football, en 2022.
Parfois pointés du doigt pour les dépenses exorbitantes que représentent les achats de joueurs-stars tels que Zlatan Ibrahimovic, ou le Brésilien Neymar, les investissements de la fondation qatarie sont également mis au service d’une volonté de démocratisation de l’accès au sport.
Quand business rime avec sponsoring
Après Al Jazeera Sports, les Qataris lancent beIn Sport en 2012. D’abord consacrée en grande partie au football, et dans la continuité de l’investissement qatarie au sein du PSG, la chaîne dépense plus de 500 millions d’euros pour racheter les droits de diffusion de la Ligue 1, ainsi qu’une grande partie des droits des championnats d’Italie, Allemagne, Espagne, la Ligue des Champions, la Ligue Europa, et remporte l’appel d’offres pour les Euro 2012 et 2016. L’offre de la chaîne, devenue beIn Sports (au pluriel) afin d’élargir son offre à l’ensemble des sports, est proposée à des tarifs imbattables et accessibles au plus grand nombre, au grand dam de son concurrent français de toujours, Canal+ (3).
La jeune expérience de l’équipe de football du Qatar n’affecte en rien la volonté de ses dirigeants d’investir au service de l’excellence sportive. À Doha, un complexe sportif monumental de 250 hectares est développé depuis 2006, et vise à rassembler l’élite du monde du sport : l’académie Aspire. Un projet développé en son sein, l’« Aspire Football Dreams » vise à repérer les meilleurs talents - pour l’instant sur trois continents (Afrique, Asie et Amérique du Sud) - et leur offrir la possibilité d’intégrer un programme le plus performant qui soit. Le PSG y a bien entendu sa place réservée, et effectue régulièrement à Doha des tournées à la hauteur du prestige du club dans le pays (4).
La vision qatarie des vertus du sport
La stratégie politique et financière de l’émirat se fonde sur une vision très valorisante du sport et de ses vertus généralement admises. Illustration de cette approche, la Fondation du Paris Saint Germain promeut « l’insertion sociale et professionnelle de jeunes en difficulté d’emploi et organiser des animations éducatives et sportives pour les enfants des quartiers sensibles », ainsi que l’indiquent ses statuts. Coté finances, la fondation peut compter sur un fonds doté de 50 millions d’euros depuis 2011. Mais elle organise aussi des événements payants comme le Gala de la Fondation PSG : le 15 mai 2018 (5), celui-ci a permis de récolter plus de 1,6 million d'euros, en faveur d’initiatives axées sur l'éducation et la pratique du sport.
Tout récemment, le Qatar s’est aussi implanté loin des feux de la rampe et des ors parisiens : en avril dernier, le FC Martigues a officialisé un partenariat avec la princesse Kasia Al Thani (6). La tante du Cheikh Al Thani a décidé de s’investir auprès de ce club de Ligue 2 des Bouches-du-Rhône. Les raisons de cette participation inattendue ne sont pas rendues publiques, mais il serait injuste de nier aux membres de la famille royale du Qatar une réelle appétence pour la French Touch dans le domaine du football.
http://www.leparisien.fr/psg-foot-paris-saint-germain/paris-pret-a-vendre-le-parc-au-qatar-02-10-2015-5146983.php https://www.lemonde.fr/politique/video/2013/09/22/marine-le-pen-la-france-la-catin-du-qatar_3482423_823448.html https://www.challenges.fr/sport/le-qatar-parie-a-fond-sur-le-sport_2141 https://www.gqmagazine.fr/lifestyle/sport/articles/36-heures-avec-le-psg-au-qatar/59039 https://www.huffingtonpost.fr/2018/05/16/les-joueurs-du-psg-et-leurs-femmes-sur-leur-31-au-gala-de-la-fondation-du-club_a_23436102/ https://rmcsport.bfmtv.com/football/martigues-ce-que-l-on-sait-sur-l-arrivee-de-kasia-al-tahni-la-princesse-qatarie-1411953.html
L’investissement du Qatar auprès du PSG aurait pu aller plus loin, avec le rachat de l’enceinte du parc de Princes. Mais la négociation n’a pas été menée à son terme. Les Parisiens se sont toutefois longtemps interrogés sur l’origine de la proposition : « Deux versions circulent. La première fait état d'une demande de Nasser Al-Khelaïfi, le président du PSG, à Anne Hidalgo la maire de la capitale. La seconde épouse l'idée d'une requête transmise par la Ville au club, afin de savoir si ce dernier serait intéressé par une vente », explique Le Parisien (1)… De là à penser que la Mairie de Paris a tenté de trouver des fonds et fait une proposition à l’investisseur, il n’y a qu’un pas, d’autant que, lorsqu’elle n’était que candidate, l’actuelle maire de Paris était favorable à cette vente.
Au-delà du foot, des investissements nombreux et variés
Le rachat du PSG marquera le début d’une stratégie d’investissements tous azimuts.
Il faut dire que le sport est un pilier de l’action politique nationale et internationale de l’ancien dirigeant qatari, le Cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, depuis son arrivée au pouvoir en 1995. Son successeur depuis 2013, le Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, poursuit sur la même lancée. L’objectif affiché reste de « promouvoir le pays comme le premier centre de sport au monde » (3). Une telle ambition nécessite un investissement, au sens politique et financier, considérable pour un petit pays comme le Qatar. Ce sera la mission du QSI (Qatar Sports Investments), et celui-ci ne va pas lésiner sur les moyens, à la mesure des revenus du monarchie du Golfe.
Premier fait d’arme du QSI, et pierre d’angle de la stratégie déployée à l’international : la réception en 2006 des Jeux Asiatiques (Jeux Olympiques continentaux). Suivront l’accueil des mondiaux d’athlétisme en salle en 2010, le rachat du PSG, mais aussi du Club parisien de Handball, le lancement de beIn Sport, la réception des Jeux de Handball en 2015, et l’organisation chaque année depuis 2006 du Tour du Qatar. Sans compter, depuis 2008, sur l’organisation du prestigieux Grand Prix de l’Arc de Triomphe à l’hippodrome de Longchamp. Un parcours stratégique couronné par l’attribution au Qatar de l’organisation de la prochaine coupe du monde de football, en 2022.
Parfois pointés du doigt pour les dépenses exorbitantes que représentent les achats de joueurs-stars tels que Zlatan Ibrahimovic, ou le Brésilien Neymar, les investissements de la fondation qatarie sont également mis au service d’une volonté de démocratisation de l’accès au sport.
Quand business rime avec sponsoring
Après Al Jazeera Sports, les Qataris lancent beIn Sport en 2012. D’abord consacrée en grande partie au football, et dans la continuité de l’investissement qatarie au sein du PSG, la chaîne dépense plus de 500 millions d’euros pour racheter les droits de diffusion de la Ligue 1, ainsi qu’une grande partie des droits des championnats d’Italie, Allemagne, Espagne, la Ligue des Champions, la Ligue Europa, et remporte l’appel d’offres pour les Euro 2012 et 2016. L’offre de la chaîne, devenue beIn Sports (au pluriel) afin d’élargir son offre à l’ensemble des sports, est proposée à des tarifs imbattables et accessibles au plus grand nombre, au grand dam de son concurrent français de toujours, Canal+ (3).
La jeune expérience de l’équipe de football du Qatar n’affecte en rien la volonté de ses dirigeants d’investir au service de l’excellence sportive. À Doha, un complexe sportif monumental de 250 hectares est développé depuis 2006, et vise à rassembler l’élite du monde du sport : l’académie Aspire. Un projet développé en son sein, l’« Aspire Football Dreams » vise à repérer les meilleurs talents - pour l’instant sur trois continents (Afrique, Asie et Amérique du Sud) - et leur offrir la possibilité d’intégrer un programme le plus performant qui soit. Le PSG y a bien entendu sa place réservée, et effectue régulièrement à Doha des tournées à la hauteur du prestige du club dans le pays (4).
La vision qatarie des vertus du sport
La stratégie politique et financière de l’émirat se fonde sur une vision très valorisante du sport et de ses vertus généralement admises. Illustration de cette approche, la Fondation du Paris Saint Germain promeut « l’insertion sociale et professionnelle de jeunes en difficulté d’emploi et organiser des animations éducatives et sportives pour les enfants des quartiers sensibles », ainsi que l’indiquent ses statuts. Coté finances, la fondation peut compter sur un fonds doté de 50 millions d’euros depuis 2011. Mais elle organise aussi des événements payants comme le Gala de la Fondation PSG : le 15 mai 2018 (5), celui-ci a permis de récolter plus de 1,6 million d'euros, en faveur d’initiatives axées sur l'éducation et la pratique du sport.
Tout récemment, le Qatar s’est aussi implanté loin des feux de la rampe et des ors parisiens : en avril dernier, le FC Martigues a officialisé un partenariat avec la princesse Kasia Al Thani (6). La tante du Cheikh Al Thani a décidé de s’investir auprès de ce club de Ligue 2 des Bouches-du-Rhône. Les raisons de cette participation inattendue ne sont pas rendues publiques, mais il serait injuste de nier aux membres de la famille royale du Qatar une réelle appétence pour la French Touch dans le domaine du football.
http://www.leparisien.fr/psg-foot-paris-saint-germain/paris-pret-a-vendre-le-parc-au-qatar-02-10-2015-5146983.php https://www.lemonde.fr/politique/video/2013/09/22/marine-le-pen-la-france-la-catin-du-qatar_3482423_823448.html https://www.challenges.fr/sport/le-qatar-parie-a-fond-sur-le-sport_2141 https://www.gqmagazine.fr/lifestyle/sport/articles/36-heures-avec-le-psg-au-qatar/59039 https://www.huffingtonpost.fr/2018/05/16/les-joueurs-du-psg-et-leurs-femmes-sur-leur-31-au-gala-de-la-fondation-du-club_a_23436102/ https://rmcsport.bfmtv.com/football/martigues-ce-que-l-on-sait-sur-l-arrivee-de-kasia-al-tahni-la-princesse-qatarie-1411953.html