Le rock des grands patrons – Les créateurs






13 Mars 2013

Les patrons rock n’ roll figurent indéniablement parmi les entrepreneurs les plus créatifs. Il n’est d’ailleurs nullement nécessaire d’être à la tête d’une grande multinationale pour l’illustrer : la France regorge de chef d’entreprise de ce type. Sportifs, esthètes, ces entrepreneurs atypiques bousculent les conventions en injectant directement dans le monde affaires des ingrédients qui lui sont en principe étrangers.


Jean-Charles de Castelbajac - Crédit photo : Etienne Clément
En 1986, la marque Etnies vit le jour en France. Créée par une communauté de skateboarders français, la marque se donne pour objectif de devenir une référence dans le milieu du sport extrême en rassemblant des sportifs français et internationaux à l’occasion d’évènements. Etnies dessine et produit tout d’abord des chaussures dont le design est conçu pour répondre aux besoins des pratiquants. Très rapidement, Pierre André Senizergues, prends la responsabilité de la marque et l’exporte aux États unis.
 
Cet ancien champion de France et champion du monde de skateboard, n’a rien oublié des principes qui ont forgé les premiers succès de la marque et l’esprit de sa discipline. Le do-it-yourself continue de faire partie de l’ADN d’Etnies qui emploie aujourd’hui 430 salariés et réalise un chiffre d’affaires de 200 millions de dollars. « Les vrais groupes de rock pensent les choses différemment, marginalement », explique Pierre André Sénizergues, « quand je travaille sur mes produits, je raisonne moins en termes de vente que de contribution à une communauté de passionnés […] j’ai gardé à l’esprit d’être créatif avec peu de moyens ».
 
En quête de performance et d’originalité, l’équipement sportif s’accommode donc naturellement de l’esprit et de la créativité rock n’ roll. Cette sensibilité artistique confère à un patron comme Pierre André Sénizergues une touche particulière qu’il s’efforce de mettre au service de ses créations. Du côté des créateurs purs, cette tendance est même exacerbée puisque l’esprit rock n’ roll devient parfois le cœur même de l’activité.
 
Castelbajac est une maison de haute couture, de création et de design. Sur ce segment d’activité, la créativité demeure l’argument de vente numéro un : « pour valider un acte commercial, il faut être crédible artistiquement », résume Jean-Charles de Castelbajac, fondateur de cette maison à la patte si particulière. Car Castelbajac, ce sont des créations sur tout support faisant référence à l’esthétique pop art d’Andy Warholet  Keith Haring, à celle du rock gothique. En un mot, Castelbajac reprends des codes dont se désintéressent finalement la plupart des maisons françaises concurrentes.
 
« Très tôt, j’ai eu une fascination pour les gens alternatifs. J’y ai trouvé un cocktail explosif qui est à la base de mon style » explique Jean-Charles de Castelbajac. Nul doute que le succès du créateur réside dans cette capacité d’expérimentation et de transgression des codes qui régissent sa profession. Le vocabulaire rock qui parsème ses créations sont d’ailleurs à l’origine de l’engouement si particulier du public : Jean-Charles de Castlebajac est en effet connu des non-initiés sous le nom de JC/DC, nom de son personnage de bande dessinée sous les traits duquel il a fait l’objet d’un album, et pseudonyme indubitablement inspiré du célèbre groupe de hard rock emmené par Angus Young.
 
Le rock n’ roll des patrons est une source intarissable d’inspiration entrepreneuriale, un subtil mélange de références et d’invitations paradoxales à s’en affranchir. Et si la créativité n’est pas l’apanage du rock, ce style n’en reste pas moins l’outil de prédilection de certains chefs d’entreprise pour développer et entretenir leur identité. Car tout leader a besoin d’un projet et d’une personnalité reconnaissable pour réussir, et les moyens employés à cet effet relèveront toujours du choix individuel.