Livreurs : pourquoi leur rémunération est souvent inférieure au SMIC






2 Octobre 2024

Les livreurs indépendants, qu'ils soient à vélo ou en scooter, sont devenus essentiels à notre quotidien. Pourtant, derrière cette apparente facilité de commande se cache une réalité moins reluisante : de nombreux livreurs touchent une rémunération horaire inférieure au SMIC.


Une rémunération en baisse depuis 2021

Selon une étude de l'Autorité des relations sociales des plateformes d'emploi (ARPE), de nombreux livreurs gagnent moins que le SMIC horaire. En prenant en compte le temps passé à attendre les commandes, les revenus horaires en 2023 s’élèvent en moyenne à 16,80 euros brut chez Deliveroo et 14 euros chez Delicity, des plateformes spécialisées dans la livraison de repas. Mais chez d'autres acteurs comme Uber Eats et Stuart, les livreurs touchent respectivement 10,10 euros et 11,30 euros de l’heure, soit moins que le SMIC, fixé à 11,65 euros brut

Le revenu moyen des livreurs est en baisse constante depuis 2021, et ce, peu importe la plateforme. Les chiffres publiés par les sociétés de livraison confirment cette tendance. Cette baisse s'explique en partie par une augmentation du temps d'attente entre les livraisons, passant de plus en plus de temps à patienter pour des commandes sans être rémunérés. Pourtant, depuis 2023, les plateformes ont l’obligation de verser aux livreurs un revenu minimal horaire fixé à 11,75 euros brut. Cependant, l'ARPE précise que pour atteindre ce revenu moyen, un livreur doit accepter toutes les propositions de prestations qui lui sont faites, ce qui est évidemment rarement possible dans la réalité. 


Et les chauffeurs VTC ?

En mai 2024, l’ARPE a recueilli sur le terrain les témoignages de nombreux livreurs. Les mots revenaient souvent : inquiétude, frustration, précarité. Les livreurs expriment leur difficulté à joindre les deux bouts, certains allant même jusqu'à envisager de quitter ce métier. La situation est d’autant plus complexe que ces travailleurs sont des autoentrepreneurs. Ainsi, ils doivent prendre en charge leurs propres frais, tels que l’assurance et l’entretien de leur véhicule, sans parler des cotisations sociales.

Le rapport de l’ARPE ne s’arrête pas aux livreurs. Les chauffeurs de VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur) ont également vu leurs revenus évoluer de manière contrastée en 2023. Si les rémunérations ont baissé chez certaines plateformes comme Freenow et Heetch, elles sont restées stables – sans suivre l’inflation – chez Uber et Bolt. Toutefois, une lueur d'espoir subsiste : en décembre 2023, des accords ont été conclus pour revaloriser les rémunérations des chauffeurs VTC, établissant un minimum de 9 euros nets par course et 30 euros l’heure d’activité. Malgré ces efforts, l’insatisfaction demeure largement répandue parmi ces professionnels, qui peinent à faire face à l'augmentation des coûts d’exploitation.



Tags : SMIC livreurs