Souveraineté et puissance
Dans tout système international et à toute époque, il ne peut y avoir de souveraineté sans puissance et de pouvoir souverain sans force. La faiblesse conduit les petits États à rechercher dans l'égalité formelle de la souveraineté étatique le complément de puissance qui leur fait défaut et dans les alliances militaires les protections dont ils ont besoin en situation de menace. Telle est la limite de la souveraineté comme concept de politique extérieure, notion relative et non absolue pour les petits et notion protectrice et régulatrice pour les grands. L'État le plus puissant se sert de la puissance pour stabiliser ou étendre sa zone d'influence, à la marge de son pouvoir territorial ou impérial et le petit fétichise le droit international ou le système juridique formel dans le but d'établir, par l'alliance ou par des traités, des rapports de force plus favorables. Puisqu'un certain nombre d'Etats fondent leurs systèmes de défense sur des principes de solidarité ou de proximité qui font appel à la morale d'une communauté juridique fictive, la simple conception de l'égale souveraineté des Etats n'est jamais assurée de garanties de sécurité ou d'indépendance politique, dépourvue de considération de puissance. En effet le droit international n'est qu’un outil au service des acteurs majeurs qui ont les capacités de faire du calcul et de la force les principes fondamentaux d'inspiration et de conduite. Nombreuses sont les doctrines qui ont voulu soustraire la conception de la souveraineté aux pratiques et justifications des puissances dominantes, confiant à la diplomatie lab tâche de régler des contentieux autrement ingérables dans une société par sa nature anarchique.
L'hégémonisme des États-Unis et la doctrine américaine de la souveraineté limitée
Les limites de la souveraineté représentent, en ce sens, la politique visant à se soustraire à la légalité internationale, codifiée par des normes. Or, la limitation de la souveraineté des Etats, appartenant à des zones d'influence, d'expansionnisme ou d'intérêt et justifiant le recours à la force ou à d'autres manœuvres intimidantes, appartient à des formes d'interventionnisme, directe ou par personne interposée. Ces formes peuvent être confortées par la noblesse d'idéaux démocratiques, opposés au mépris des régimes autocratiques ou totalitaires, ou encore par la conciliation du réalisme et de la moralité. Cependant les doctrines élaborées pour justifier ces modalités d'engagement des grandes puissances constituent des réponses systémiques à l'instabilité du monde. Il est difficile de justifier autrement, les pressions de déstabilisation conduites contre des gouvernements légaux ou légitimes. Toute forme d'hégémonisme tend ainsi à circonscrire une géopolitique de la souveraineté limitée et les domaines et les personnes nationales auxquelles elle doit s'appliquer, sans discriminations excessives.
La souveraineté et l'expansionnisme américain
Depuis leur création les États-Unis ont adopté une constante en politique étrangère, l’expansionnisme, et ont apporté une légitimité missionnaire aux actions qui limitent la souveraineté des États situés dans leur zone d'influence (doctrine Monroe). Ce faisant ils ont adopté un regard doctrinal du refus de la complexité et de lutte contre des concepts d'origine européenne qui supposent un absolu, la souveraineté.
L'hétérogénéité du système international exige pour les Etats-Unis une différenciation de traitement et une relativisation de la notion de souveraineté.
Le désordre qui a régné en Amérique latine a fait de celle-ci une arrière-cour des États-Unis et une zone d'influence nord-américaine, mieux connue comme Doctrine Monroe, ayant pour fondement la protection de la souveraineté du cône Sud vis-à-vis de l'Europe.
Ainsi l'Amérique, conscience rédemptrice du monde, a fondé la stabilité de sa stratégie sur une pluralité de doctrines, le wilsonisme, l'isolationnisme, l'interventionnisme, l'universalisme etc.
Dans la conjoncture actuelle et à propos de l'Ukraine, les États-européens de l'ouest et l'alliance de l'atlantique Nord (Otan), participent moins de la Balance of Power et donc de la doctrine de la souveraineté et de l'équilibre de puissance, que de son expression limitée ou de camp, dépendante des intérêts d'hégémon, globaux et systémiques. C'est en effet le Leader de camp qui définit les zones et les pays auxquelles la doctrine de la souveraineté limitée doit s'appliquer, en identifiant les ennemis, les régimes et les pôles, classés comme illégitimes et comme étrangers à la norme de démocratie tolérée par Hégémon. Vis-à-vis de ces derniers prévaut le droit d'ingérence. Au cœur des lectures nord-américaines du droit international public se trouve la notion de légitimité et pas celle de souveraineté. En effet, la première exige consentement des gouvernés, tandis que la deuxième fait fi à un idéal normatif abstrait et formel, une des chimères internationalistes troquée comme liberté de choix.
L'hétérogénéité du système international exige pour les Etats-Unis une différenciation de traitement et une relativisation de la notion de souveraineté.
Le désordre qui a régné en Amérique latine a fait de celle-ci une arrière-cour des États-Unis et une zone d'influence nord-américaine, mieux connue comme Doctrine Monroe, ayant pour fondement la protection de la souveraineté du cône Sud vis-à-vis de l'Europe.
Ainsi l'Amérique, conscience rédemptrice du monde, a fondé la stabilité de sa stratégie sur une pluralité de doctrines, le wilsonisme, l'isolationnisme, l'interventionnisme, l'universalisme etc.
Dans la conjoncture actuelle et à propos de l'Ukraine, les États-européens de l'ouest et l'alliance de l'atlantique Nord (Otan), participent moins de la Balance of Power et donc de la doctrine de la souveraineté et de l'équilibre de puissance, que de son expression limitée ou de camp, dépendante des intérêts d'hégémon, globaux et systémiques. C'est en effet le Leader de camp qui définit les zones et les pays auxquelles la doctrine de la souveraineté limitée doit s'appliquer, en identifiant les ennemis, les régimes et les pôles, classés comme illégitimes et comme étrangers à la norme de démocratie tolérée par Hégémon. Vis-à-vis de ces derniers prévaut le droit d'ingérence. Au cœur des lectures nord-américaines du droit international public se trouve la notion de légitimité et pas celle de souveraineté. En effet, la première exige consentement des gouvernés, tandis que la deuxième fait fi à un idéal normatif abstrait et formel, une des chimères internationalistes troquée comme liberté de choix.
La stratégie de sécurité nationale russe de juillet 2021 et l'éloignement de l'occident
Nous assistons aujourd'hui à une monroeisation du monde au nom d'une interprétation restrictive et unilatéraliste de la liberté de choix d'un acteur, l'Ukraine, réitérant sa demande d'adhésion à l'Otan, politiquement impraticable et tenue comme provocatrice aux jeux des intérêts de sécurité de la Russie. En effet, si la candidature de Kiev relève d'un principe fondamental consistant à pouvoir choisir ses alliances, et si ce principe est inscrit dans la Charte de Paris (novembre 1990), l'indivisibilité de la sécurité ne peut être conçue au détriment de celle des autres. Dans cette situation apparaît justifiée la demande réitérée de Moscou, depuis Gorbatchev, d'établir un traité de sécurité en Europe, où elle occupe une place de poids, réponse à laquelle les occidentaux n'ont pas su répondre, ne s'accordant pas sur la reconnaissance du rôle de grande puissance eurasienne et nucléaire de la Russie post-soviétique sur le continent et dans le monde.
Compte tenu du fait que la logique de l'élargissement est arrivée à son terme, Moscou n'a d'autre choix que de durcir sa position et de déployer ses troupes à la frontière ukrainienne pour obtenir des garanties qui lui ont été reniées. Puisque, de surcroît les Accords de Minsk n'ont pas été observés, on a l'impression que la Russie n'a fait que réagir face aux élargissements de l'Otan.
Compte tenu du fait que la logique de l'élargissement est arrivée à son terme, Moscou n'a d'autre choix que de durcir sa position et de déployer ses troupes à la frontière ukrainienne pour obtenir des garanties qui lui ont été reniées. Puisque, de surcroît les Accords de Minsk n'ont pas été observés, on a l'impression que la Russie n'a fait que réagir face aux élargissements de l'Otan.
G. Kennan et l'erreur historique des occidentaux
Un jugement de poids sur l'erreur historique de cette stratégie vient de l'ancien Ambassadeur américain à Moscou, George Kennan selon lequel tout harcèlement de Moscou aurait alimenté un nationalisme aigu et un esprit de revanche, que l'Europe avait connu au XIXème et au XXème siècles. Dans le Document russe sur la sécurité de juillet 2021, ces intérêts sont présentés avec un durcissement remarqué par rapport à la stratégie en vigueur depuis 2015 et cela sur tous les aspects de l'analyse. Quant aux considérations de fond sur les tendances en cours dans le système international, la confrontation avec l'Occident est appelée à durer.
La décomposition de ce jugement implique plusieurs répercussions.
Selon une perception de fond, des pays inamicaux (les États-Unis et ses alliés occidentaux) viseraient un affaiblissement de la Russie, sous tous les aspects, économique, stratégique, technologique et scientifique.
Leur but demeure une déstabilisation du régime politique russe, jugé autocratique et une confrontation avec l'Occident, destinée à durer.
L'Occident y est considéré comme affaibli et sur le déclin, d'où son caractère agressif et belliqueux, car, si à court terme l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan semble inacceptable et donc exclue, l'intégration de l'Otan dans les affaires de l'Ukraine est en cours de réalisation sous forme de coopération militaire bilatérale, britannique, américaine, turque, française.
Quant à l'Ukraine, berceau historique de la Russie, l'élargissement de l'alliance atlantique à l'espace géopolitique ex-soviétique rend possible une frappe balistique décapitante et imparable au cœur du pays. Ainsi l'éloignement vis-à-vis de l'Occident se traduit par un repli interne, par la défense des valeurs traditionnelles et par une stratégie de sécurité informatique prioritaire.
Vis-à-vis des États-Unis l'approche multipolaire du système international évoque l'idée d'une stratégie paritaire dans la relation de Moscou avec l'Inde et la Chine. Selon certains analystes cette stratégie trouverait son accomplissement dans l'intégration de l'Iran et dans un resserrement des rapports entre Chine et Russie.
L’intégration de l'Iran semble dictée par une appréhension du tête-à-tête de l'Amérique et de l'Empire du milieu et justifie la revendication d'une conception de la souveraineté informatique, indépendante de tout partenariat potentiel.
La falsification de l'Histoire et les tentatives d'occidentalisation de la Russie constituent d'autres facettes, plus insidieuses, d'une stratégie que Dmitri Trenin du Carnegie Moscow Center a qualifié comme un manifeste pour une nouvelle époque.
La décomposition de ce jugement implique plusieurs répercussions.
Selon une perception de fond, des pays inamicaux (les États-Unis et ses alliés occidentaux) viseraient un affaiblissement de la Russie, sous tous les aspects, économique, stratégique, technologique et scientifique.
Leur but demeure une déstabilisation du régime politique russe, jugé autocratique et une confrontation avec l'Occident, destinée à durer.
L'Occident y est considéré comme affaibli et sur le déclin, d'où son caractère agressif et belliqueux, car, si à court terme l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan semble inacceptable et donc exclue, l'intégration de l'Otan dans les affaires de l'Ukraine est en cours de réalisation sous forme de coopération militaire bilatérale, britannique, américaine, turque, française.
Quant à l'Ukraine, berceau historique de la Russie, l'élargissement de l'alliance atlantique à l'espace géopolitique ex-soviétique rend possible une frappe balistique décapitante et imparable au cœur du pays. Ainsi l'éloignement vis-à-vis de l'Occident se traduit par un repli interne, par la défense des valeurs traditionnelles et par une stratégie de sécurité informatique prioritaire.
Vis-à-vis des États-Unis l'approche multipolaire du système international évoque l'idée d'une stratégie paritaire dans la relation de Moscou avec l'Inde et la Chine. Selon certains analystes cette stratégie trouverait son accomplissement dans l'intégration de l'Iran et dans un resserrement des rapports entre Chine et Russie.
L’intégration de l'Iran semble dictée par une appréhension du tête-à-tête de l'Amérique et de l'Empire du milieu et justifie la revendication d'une conception de la souveraineté informatique, indépendante de tout partenariat potentiel.
La falsification de l'Histoire et les tentatives d'occidentalisation de la Russie constituent d'autres facettes, plus insidieuses, d'une stratégie que Dmitri Trenin du Carnegie Moscow Center a qualifié comme un manifeste pour une nouvelle époque.
Souveraineté et multipolarité
Revenant au système multipolaire, il ne peut y avoir d'autres exercices de la souveraineté, en son aspect indépendant et autonome, que celle des leaders de groupe, échappant à la complexité indifférenciée des sociétés civiles et des pouvoirs intermédiaires du monde globalisé. Peu de puissances peuvent en effet réaliser la fusion structurelle du droit, de la force et de la légitimité et disposer d'une économie, d'un territoire et d'une volonté, portées par un élan conquérant ou par une idée messianique ou historique. Cette fusion de facteurs décisifs n'appartient qu'aux puissances impériales, hégémoniques ou candidates à l'hégémonie. Il s'agit là de la prérogative des puissances systémiques à rayonnement mondial. Du point de vue décisionnel ou des responsabilités globales, est souverain qui décide de l'état d’exception. ( C. Schmitt ). Or, si on applique ce concept à la dialectique de l'ami et de l'ennemi, le cas de la crise ukrainienne s'explique par la présence auprès des États-Unis, de tous les éléments essentiels ci- dessus mentionnés et par un enjeu multipolaire qui les oblige à assumer des risques au nom de leur statut de garants de la stabilité et d'acteurs déterminants de la sécurité globale. A l'échelle régionale, les objectifs de Moscou apparaissent inacceptables à Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, car la Russie tendrait à reconstituer le glacis géopolitique soviétique en Europe et pousserait découplage entre les États-Unis et le continent européen.
Alignement ou nouveau munich
La visite d'Emmanuel Macron à Moscou pour désamorcer la crise, au nom de la présidence de l'Union Européenne rappelle étrangement la danse de Daladier et Chamberlain à Munich en septembre 1938, pour sauvegarder la paix et résoudre le problème germano-tchèque, concernant l'annexion des sudètes.
Quant à l'Amérique, interlocuteur essentiel d'un dialogue bipolaire sur la sécurité mondiale, indivisible, elle ne pourra résoudre le dilemme, qui est le sien, entre une action résolue et dissuasive en Europe et une incertitude de fond quant à sa liberté d'action dans le Pacifique Sud, en protection de Taiwan. Le contenu de ses incertitudes est représenté par la défiance que les États-Unis ont vis-à-vis des européens et par l'allégeance plus résolue du Quad (Etats-Unis, Grand Bretagne, Australie, le Japon et l'Inde), stipulé en fonction anti chinoise. Puisqu' il ne peut y avoir confusion, au niveau délibératif, entre le régional (Macron) et le global (Biden-Poutine), le dialogue ou la lutte entre les pôles ne peuvent revenir à une concertation multilatérale pour désamorcer une crise, qui exige une restriction des acteurs essentiels pour enclencher une désescalade et négocier un modus vivendi durable. Cependant, pour ses répercussions, l'issue de la crise ouverte sera dictée à court terme, aux États-Unis et en Europe, par les défis internes et par les rendez-vous électoraux, sur lesquels repose l'indépendance politique et l'autonomie stratégique des pôles concernés. La transformation plus radicale de la conjoncture historique concerne cependant le statut et la perception de la puissance tutélaire, car Hégémon a changé de rôle, depuis la fin IIème guerre mondiale, et de source de stabilité il est devenu un facteur de risque. C'est donc dans ce changement stratégique que repose la fissuration du camp occidental, provoquant une détérioration du climat politique, une érosion de la confiance diplomatique et un doute sur l'allégeance militaire.
Depuis Thucydides et les guerres du Péloponnèse, l'alignement contrasté des membres d'une alliance militaire, vis-à-vis de leur chef de file, poussant au dialogue et à la diversification des risques, engendre une interrogation sur l'unité de camp et sur les ententes encore praticables au lieu du conflit. Ainsi, au niveau global, un alignement des positions respectives de chaque membre vis-à-vis des objectifs d'Hégémon, restructure le champ d'action de chaque zone d'allégeance impériale, rétablit les hiérarchies de puissance et met à l'épreuve la force ou la faiblesse du leadership planétaire. L'alignement est une pratique diplomatique habituelle de la part des membres d'une alliance à la veille d'un conflit, poussés à la recherche d'une conciliation ou d'un compromis et exprime les préoccupations politiques et stratégiques des acteurs qui devront se battre en cas d'affrontement. En ce sens E.Macron ,ou le groupe de Visegrad exhibent l'existence d'une fissuration de la perspective historique et un éloignement illusoire des dangers qui résultent d'une transition hégémonique, belliqueuse et mortelle. Les divergences souterraines et naturelles des acteurs subalternes s'expliquent par l'hésitation et la peur devant les risques d'une escalade nucléaire et d'une une lutte à mort pour la survie. Cependant, qu'il s'agisse d’une fidélité partielle ou d’un éloignement stratégique, ces divergences de la perspective face à l'allié majeur et tutélaire ne font que confirmer le déclin historique d'Hégémon, l'aggravant ultérieurement, sans pouvoir le conditionner ou le stopper.
Quant à l'Amérique, interlocuteur essentiel d'un dialogue bipolaire sur la sécurité mondiale, indivisible, elle ne pourra résoudre le dilemme, qui est le sien, entre une action résolue et dissuasive en Europe et une incertitude de fond quant à sa liberté d'action dans le Pacifique Sud, en protection de Taiwan. Le contenu de ses incertitudes est représenté par la défiance que les États-Unis ont vis-à-vis des européens et par l'allégeance plus résolue du Quad (Etats-Unis, Grand Bretagne, Australie, le Japon et l'Inde), stipulé en fonction anti chinoise. Puisqu' il ne peut y avoir confusion, au niveau délibératif, entre le régional (Macron) et le global (Biden-Poutine), le dialogue ou la lutte entre les pôles ne peuvent revenir à une concertation multilatérale pour désamorcer une crise, qui exige une restriction des acteurs essentiels pour enclencher une désescalade et négocier un modus vivendi durable. Cependant, pour ses répercussions, l'issue de la crise ouverte sera dictée à court terme, aux États-Unis et en Europe, par les défis internes et par les rendez-vous électoraux, sur lesquels repose l'indépendance politique et l'autonomie stratégique des pôles concernés. La transformation plus radicale de la conjoncture historique concerne cependant le statut et la perception de la puissance tutélaire, car Hégémon a changé de rôle, depuis la fin IIème guerre mondiale, et de source de stabilité il est devenu un facteur de risque. C'est donc dans ce changement stratégique que repose la fissuration du camp occidental, provoquant une détérioration du climat politique, une érosion de la confiance diplomatique et un doute sur l'allégeance militaire.
Depuis Thucydides et les guerres du Péloponnèse, l'alignement contrasté des membres d'une alliance militaire, vis-à-vis de leur chef de file, poussant au dialogue et à la diversification des risques, engendre une interrogation sur l'unité de camp et sur les ententes encore praticables au lieu du conflit. Ainsi, au niveau global, un alignement des positions respectives de chaque membre vis-à-vis des objectifs d'Hégémon, restructure le champ d'action de chaque zone d'allégeance impériale, rétablit les hiérarchies de puissance et met à l'épreuve la force ou la faiblesse du leadership planétaire. L'alignement est une pratique diplomatique habituelle de la part des membres d'une alliance à la veille d'un conflit, poussés à la recherche d'une conciliation ou d'un compromis et exprime les préoccupations politiques et stratégiques des acteurs qui devront se battre en cas d'affrontement. En ce sens E.Macron ,ou le groupe de Visegrad exhibent l'existence d'une fissuration de la perspective historique et un éloignement illusoire des dangers qui résultent d'une transition hégémonique, belliqueuse et mortelle. Les divergences souterraines et naturelles des acteurs subalternes s'expliquent par l'hésitation et la peur devant les risques d'une escalade nucléaire et d'une une lutte à mort pour la survie. Cependant, qu'il s'agisse d’une fidélité partielle ou d’un éloignement stratégique, ces divergences de la perspective face à l'allié majeur et tutélaire ne font que confirmer le déclin historique d'Hégémon, l'aggravant ultérieurement, sans pouvoir le conditionner ou le stopper.
Bruxelles-Bucarest le 14 Février 2022