Quel avenir pour la Fnac après son introduction en Bourse






27 Juin 2013

Filiale du groupe Kering (anciennement PPR), la Fnac a été introduite en Bourse le 20 juin 2013. Cette décision s’intègre dans un repositionnement stratégique global du groupe de François-Henri Pinault qui vise à se désengager de ses activités de vente de biens de grande consommation pour se recentrer sur le luxe, le sport et le lifestyle.


Le groupe Fnac et son introduction en Bourse

Le Groupe Fnac s’est axé sur le marché de la vente de biens culturels, de loisirs ainsi que sur les produits techniques. Implanté dans plusieurs pays : Espagne, Portugal, Brésil, Belgique, Suisse et Maroc, l’entreprise possède à la fin de l’année 2012, 167 magasins. La France en accueille une centaine. C’est en 1994, alors que Pinault‑Printemps devient Pinault‑Printemps‑Redoute par l'absorption complète de La Redoute, que la Fnac est intégrée au conglomérat. Si La Redoute s’impose en tant que précurseur de la vente en ligne avec le site Internet laredoute.fr, la Fnac suit ce mouvement et n’est pas en reste puisque le groupe bénéficie de la plateforme fnac.com qui aujourd’hui encore opère dans la stratégie multi-canal du groupe.
 
Le site Internet reste le troisième consulté en France, en tant que site de e-commerce avec 750 000 visiteurs uniques par jour, mais la Fnac subit l’évasion de parts de marchés vers des acteurs positionnés sur le segment des pure-players du net comme le géant Amazon ou Priceminister. La stratégie du click & mortar qui consiste à compléter l’acte ou l’intention d’achat sur le Web par une incitation à l’achat en magasin, peine à porter ses fruits face à des structures qui disposent d’une flexibilité importante. Dans une optique offensive, c’est dès 2011 qu’est adopté un plan « Fnac 2015 » visant à passer « à l’offensive dans un contexte de mutations technologiques profondes, d’évolution rapide des modes de consommation et de renouvellement de la concurrence, notamment sur le canal internet »(1).
 
Par ailleurs, la Fnac n’étant plus en cohérence avec la nouvelle logique de développement du groupe Kering, celui-ci avait entamé une procédure visant à céder l’entreprise de vente de biens culturels. Après une prospection auprès de potentiels acquéreurs et devant la difficulté d’une telle opération, il a ensuite été décidé de l’introduire en Bourse afin de la dégager du groupe Pinault. Cette action aura pris la forme d’une scission puisque les actions ont été distribuées aux actionnaires de Kering au prorata actuel de leur participation (une action Fnac pour chaque bloc de huit actions Kering). L’opération n’engendrera alors aucune nouvelle liquidité pour le groupe de luxe français. Durant les deux premières années, Artemis – qui est la holding détenue par la famille Pinault – devrait rester présent à hauteur de 39 % dans le capital de la Fnac, puis 25 % pour la troisième année. Pour accompagner ce profond changement, le groupe Fnac s’appuie déjà sur le plan Fnac 2015.

Le projet pour 2015

Développé en 2011, le projet doit accompagner la prise d’indépendance de la Fnac. Une offensive stratégique a été conceptualisée. Elle repose sur trois axes. Le premier est de constituer une offre de « produits sur un territoire plus large, qui vise à faire de la Fnac le spécialiste des “Loisirs et Technologies” » en améliorant et en dépassant l’offre de son catalogue. Le second consiste à renforcer le lien avec le client. Axe en outre fortement développé par les structures qui disposent de magasins physiques. C’est un de leurs principaux atouts face à l’e-économie. Enfin, troisième pilier, une « attention particulière à la clientèle familiale, pour offrir à tous les membres de la famille, et particulièrement aux enfants, les réponses qu’ils attendent de la Fnac en termes de produits, de services et de confort d’achat »(2).
 
Cependant, et malgré cette ambition et ces « précautions » à son introduction en Bourse, la Fnac a fait part de quelques difficultés. Tant sur le plan financier que sur les perspectives de développement. Ainsi, son résultat opérationnel courant est passé de 2,5 % de son chiffre d'affaires à 2,0 %, de 2011 à 2012 et l'environnement économique dégradé dans lequel elle évolue incite à la méfiance pour l’avenir. En outre, pour son exercice 2012, le résultat net de la Fnac présentait un déficit de 141,7 millions d’euros. Le plan Fnac 2015 prend en effet 37 millions sur les 63,3 millions du résultat opérationnel courant en 2012. Ajouté au 26 millions de charges exceptionnelles qu’a induit le désengagement de la Fnac en Italie et les 93 millions d’actifs français et brésiliens dépréciés, ainsi qu’une économie de la consommation toujours morose qui a vu le chiffre d’affaires du groupe diminuer de 5,3 %, les résultats futurs de la Fnac pourraient de ne pas être à la hauteur des attentes du plan orchestré en 2011.
 
Parallèlement, lors de son introduction en Bourse le cours a baissé de plus de 10 % la première journée. Cette dépréciation était néanmoins attendue, mais les futurs actionnaires attendent encore une baisse du cours avant d’investir. Ni succès, ni manifestation d’échec, les premiers pas de la Fnac en bourse se sont finalement déroulés sans trop d’anicroches.

(1) http://multimedia.fnac.com/multimedia/fnacdirect/pdf/cp_fnac2015def.pdf
(2) http://multimedia.fnac.com/multimedia/fnacdirect/pdf/cp_fnac2015def.pdf