Un report de la revalorisation pour assainir les finances publiques
La décision du gouvernement de repousser la revalorisation des retraites n'est pas une surprise dans le contexte économique actuel. Le projet de loi de finances 2025, qui vise à ramener le déficit à 5 % du PIB, prévoit des économies drastiques. L’un des moyens d’y parvenir est ce report de six mois de l’indexation des pensions sur l’inflation, générant à lui seul une économie estimée à 3 milliards d’euros. Traditionnellement, les pensions de retraite sont augmentées chaque 1er janvier en fonction de l'inflation. Toutefois, en 2025, ce sera le 1er juillet, selon l'annonce du ministère de l'Économie. Cette mesure est emblématique du « régime d'austérité » qui se prépare, selon les sources gouvernementales. Michel Barnier, le chef du gouvernement, a en effet annoncé une « cure de 60 milliards d'euros » à la sphère publique.
Ce décalage aura des répercussions directes sur les retraités. En retardant la revalorisation, le pouvoir d'achat de millions de retraités sera affecté sur les premiers mois de 2025. D’autant plus que cette revalorisation ne sera pas rétroactive, précise Bercy. Concrètement, cela signifie que les retraités ne récupéreront pas le manque à gagner de ces six mois. En outre, le report entraîne une revalorisation potentiellement plus faible. Normalement, le calcul de l'indexation se base sur l’inflation constatée deux mois avant la revalorisation. Avec le report à juillet 2025, le mois de référence passe d'octobre 2024 à mai 2025, période où l'inflation pourrait être plus faible. Bercy estime que la revalorisation pourrait s'élever à 1,8 %, contre 2,3 % ou 2,4 % initialement prévus.
Une mesure contestée mais présentée comme inévitable
Dans le contexte économique actuel, certains économistes justifient cette mesure en estimant que le niveau de vie des retraités reste supérieur à celui des actifs. Cependant, le président Emmanuel Macron, lors de sa conférence de presse en juin 2024, avait assuré que les retraites seraient « bien indexées sur l’inflation ». Pourquoi alors ce revirement ? Le report de six mois apparaît comme une solution intermédiaire pour éviter les blocages à l’Assemblée nationale et apaiser les contestations.
L’objectif affiché par le gouvernement est clair : réduire le déficit public. Le plan global de réduction des dépenses publiques touche aussi bien les collectivités locales que la Sécurité sociale. Les pensions de retraite ne sont donc pas les seules concernées. D’autres secteurs, tels que les aides au développement et le sport, vont également connaître des restrictions. Le décalage de la revalorisation des pensions est une technique connue des « budgétaires » pour rétablir les finances publiques, rappelle François Lenglet, chef du service économie de TF1.