Salaire décent : la réforme qui pourrait tout changer pour les travailleurs français






24 Septembre 2024

Antoine Armand, fraîchement nommé Ministre de l'Économie, a mis les pieds dans le plat en évoquant la mise en place d’un "salaire décent" pour tous les Français qui travaillent. Une promesse ambitieuse, inspirée d’initiatives privées comme celle de Michelin.


Qu'est-ce qu'un salaire décent ?

Le concept de "salaire décent" n’est pas nouveau. L’Organisation Internationale du Travail (OIT) le définit comme un revenu qui permet de subvenir aux besoins fondamentaux d’un travailleur et de sa famille. Cela inclut les dépenses liées au logement, à l'alimentation, à la santé et à l’éducation, entre autres. Mais comme l’a démontré le géant Michelin, cette notion peut varier. Pour son PDG, Florent Menegaux, un salaire décent permet également de constituer une petite épargne et d’accéder à certains loisirs. Cependant, aucune définition universelle n’existe encore, rendant difficile sa mise en place à grande échelle en France.

L’initiative d’Antoine Armand ne sort pas de nulle part. En fait, elle trouve son origine dans un projet déjà en place chez Michelin. Depuis janvier 2024, le fabricant de pneus applique ce concept à ses employés. Leur salaire décent est calculé en fonction des coûts de la vie locale : deux fois le SMIC à Paris, 20 % au-dessus du SMIC à Clermont-Ferrand. Une adaptation régionale qui pourrait poser problème si elle devait être appliquée à l’ensemble du territoire français, où les écarts de coût de la vie sont significatifs. Comme l’explique Delphine Lingemann, députée du Puy-de-Dôme : "Le salaire décent doit se penser à l’échelle locale."


SMIC et salaire décent : même combat ?

La France dispose déjà d’un salaire minimum, le SMIC, qui est censé garantir aux travailleurs de vivre dignement. Aujourd’hui, il avoisine les 1 400 euros nets par mois. Alors pourquoi parler d’un salaire décent ? Selon certains économistes, comme Sylvain Bersinger, augmenter le SMIC pourrait freiner l’embauche, car cela augmenterait le coût du travail. En revanche, un salaire décent prendrait en compte les disparités locales. Le débat pourrait ainsi être relancé sur l’opportunité d’une hausse du SMIC, une mesure souvent risquée pour l’emploi, mais qui pourrait mieux refléter le coût réel de la vie.

L’un des principaux obstacles à la généralisation d’un salaire décent en France est la disparité des coûts de la vie entre les régions. En effet, on ne vit pas avec 2 500 euros de la même manière à Paris qu’à Limoges. Le logement, première dépense des Français, rend cette question d’autant plus complexe. "Il n’y a pas de solution unique", admet Armand.