Un thriller au plus haut de la politique... "Les ombres du Palais Bourbon"

Tout d'abord, je tiens à préciser une chose importante : je n'ai jamais considéré Les Ombres du Palais Bourbon comme un roman à clé, mais plus comme un thriller qui s'appuierait sur ma connaissance des arcanes de l'Assemblée. Plus que de vouloir à tout prix coller à la réalité, j'ai préféré la décaler légèrement pour laisser rentrer la liberté que permet la fiction. Mais bien-sûr, on retrouve des archétypes, des comportements, des réflexes qui sont propres aux hommes politiques... Comme à ceux qui les entourent. C'est ce flou entre les « choses vues » et l'invention qui, je le crois, fait tout le plaisir de la lecture d'une fiction politique. C'est aussi ce qui garantit son intemporalité : dans dix ans, on croisera encore des vieux briscards de la vie politique comme le député fictif Jacques Dubois, ou des ambitieux comme le personnage de Yacine. 

J'ai toujours ressenti une forme de décalage entre la perception de la vie parlementaire par nos concitoyens, qui la trouvent souvent atone, ennuyeuse voire opaque et la perception qu'en ont ceux qui la font. Il n'y a rien de plus passionnant que de se battre pour défendre un amendement, pour faire bouger une ligne cruciale d'un projet de loi ! Et souvent ces efforts peuvent, du point de vue de celui qui les vit, être exaltants comme dans un thriller : il y a des négociations, des victoires puis des douches froides en séance publique... Jusqu'au dernier moment, tous les rebondissements sont possibles. C'est aussi ce que j'ai souhaité que le lecteur ressente durant la lecture de ce roman. 

Je dois dire que lorsque j'ai commencé la rédaction de ce livre fin 2019, je pensais travailler sur une fiction politique et aucunement un roman d'anticipation. Et pourtant, oui, il y a comme on le voit aujourd'hui des rapprochements inédits entre des lignes politiques que l'on pensait irréconciliables. Ce glissement des plaques tectoniques se fait aujourd'hui entre une gauche sociale-démocrate et une gauche radicale. Ce rapprochement est à mes yeux temporaire, de circonstance électorale pour maximiser l'effet d'un vote à gauche. Mais on voit bien qu'au fond, le bloc de « gouvernement » qui a glané aussi bien à gauche qu'à droite et qui continue de s'élargir force les oppositions à reconsidérer leurs stratégies. Demain, sans des leaders comme Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon, la perspective d'une alliance souverainiste et eurosceptique, pourrait apparaître comme acceptable pour une plus jeune génération politique qui n'aura pas une grille de lecture fondée sur la division gauche/droite. Donc, tout est possible, mais pas avant quelques années ! 

Avec ce premier roman, j'ai voulu faire ce que j'avais peu vu dans la fiction politique : mettre l'Assemblée nationale au premier plan du récit. En général, on se concentre toujours sur le président de la République ou son gouvernement. C'est effectivement le maillon le plus visible de la vie politique française, mais le parlement est tout aussi essentiel. Avec Les Ombres du Palais Bourbon, j'ai voulu montrer aux lecteurs, avec ma connaissance du fonctionnement concret de l'Assemblée nationale, le rôle d'un député, et comment il n'appartient qu'à lui d'utiliser son mandat pour changer concrètement les choses.