Un virage à 180 degrés pour le Fonds monétaire international






6 Octobre 2020

Après avoir âprement combattu l’endettement à travers le monde, le FMI recommande désormais de creuser les déficits afin de créer des emplois via l’investissement public.


Une conversion soudaine au keynésianisme

Crédit : Pixabay
C’est un changement de cap total pour le gendarme des finances mondiales, le Fonds monétaire international. Lui qui prône d’ordinaire la rigueur budgétaire et a imposé à nombre de pays, telle la Grèce, des plans de désendettement drastiques, conseille désormais aux pays de s'endetter pour créer des emplois et relancer leur économie plus rapidement. Et peu importe le déficit ou la dette, on verra plus tard !

Ce changement idéologique majeur, cette conversion soudaine au keynésianisme, au soutien et à l’intervention massifs de l’État, vient d’être formulé dans un billet de blog Vitor Gaspar, directeur du département des Finances publiques du Fonds monétaire international.
Ainsi, selon ce billet, avant la crise engendrée par la vague de Covid-19, le niveau d’investissement mondial était faible, et ce depuis une décennie.

Investir pour lutter contre le changement climatique

Mais, selon Vitor Gaspar, consacrer 1% du PIB à des investissements publics « de haute qualité » engendrerait une croissance de 2,7%, une hausse de 10% de l’investissement privé et de 1,2% du marché de l'emploi de 1,2%. Notamment pour lutter contre le changement climatique, « le moment est également venu de (…) relancer les projets prometteurs retardés en raison de la crise, d’accélérer les projets en cours pour les mener à bien dans les deux prochaines années, et de planifier de nouveaux projets correspondant aux priorités post-crise », estime-t-il.

L'investissement public jouerait « un rôle central » dans la reprise future des économies tant avancées qu’émergentes. Ainsi, selon les projections des experts du FMI, un million de dollars investi dans des infrastructures traditionnelles créerait deux à huit emplois. Mais, mieux encore, un million investi dans la R&D, l'électricité verte ou bien les bâtiments efficaces d’un point de vue énergétique créerait entre 5 et 14 emplois. On est soudain bien loin des « programmes d’ajustement structurel » jusque-là réclamés par le FMI en échange de l’obtention de ses prêts, et recommandant privatisations et coupes massives dans les dépenses publiques…