réorientation professionnelle, processus complexe






27 Février 2015

La sociologue Sophie Denave a mené une passionnante enquête sur le changement de carrières. Contrairement aux idées reçues, il n’implique pas forcément une transformation radicale de vie.


Aujourd’hui, même si c’est encore parfois bizarrement considéré, on peut changer de métier. La polyvalence et la prise de risques sont mieux acceptées. Se renouveler, trouver une nouvelle orientation et se réinventer sont des notions mises en avant. De quoi accéder à un certain contentement. Si l’idée est bonne, dans les faits, les choses sont plus compliquées.
 
Sophie Denave est sociologue, également chercheuse et maître de conférences à l’Université Lumière Lyon-II. Elle a analysé maints parcours et diversifications professionnels : les choses ne sont pas si simples. Pour ce faire, elle a mené de nombreux entretiens avec indifféremment, des hommes ou des femmes qui ont changé d’orientation professionnelle et de métiers. Les exemples font parfois le grand écart : Libération rapporte ainsi le cas du polytechnicien qui est devenu pasteur ou celui du boulanger devenu chauffeur de bus…
 
En France, 11% des actifs décident un jour de changer de métier. Comme cette assistante de direction devenue libraire cite encore Libération. En revanche, la conversion est peu linéaire, souvent le fruit du hasard, sujette à de nombreux ajustements. Frustrations et adaptations comme autant d'embûches. On l'a compris, le cheminement n’est pas un long fleuve tranquille. En général, il se passe en plusieurs étapes : de la prise de décision, explique Sophie Denave, à un élément déclencheur, au désengagement. Enfin, l’installation dans une nouvelle activité... Mais de miracle, il n'y en a pas, ou très rarement.
 
Reconstruire sa vie professionnelle. Sociologie des bifurcations biographiques, Sophie Denave, (PUF).