La tendance est inquiétante en Tunisie, estime Amnesty International. « Les autorités tunisiennes doivent se saisir de toute urgence de la situation du pays en matière de droits humains, qui a considérablement régressé depuis que le président Kaïs Saïed s'est octroyé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021, et elles doivent révoquer toutes les nouvelles mesures et lois qui ne sont pas conformes aux normes internationales relatives aux droits humains » commence le communiqué de l’ONG.
« Dans un nouveau rapport intitulé Tunisie. Une année de régression des droits de l'Homme depuis l'accaparement du pouvoir par le président, l'organisation détaille de quelles manières le président Saïed a démantelé ou affaibli des garanties fondamentales en matière de droits humains depuis qu'il s'est arrogé les pleins pouvoirs en juillet dernier, alors même qu'il s'est engagé à de multiples reprises à veiller à ce que les autorités respectent les droits humains », poursuit le communiqué.
« Le premier anniversaire de l'accaparement du pouvoir par le président Saïed est un jalon du démantèlement progressif des garanties en matière de droits de l'Homme. En gouvernant par décret sans contrôle ni supervision, le président a sapé plusieurs avancées essentielles en matière de droits humains que le pays avait accomplies au cours des dix années suivant la révolution de 2011, qui a mis fin au régime de l'ancien président Ben Ali », a commenté la responsable régionale d’Amnesty, Heba Morayef.
Les réformes constitutionnelles lancées à la fin du mois de juin 2022 sont au cœur des préoccupations. « Le projet de constitution a été publié à l'issue d'un processus de rédaction obscur et accéléré, sans réelle consultation des organisations de la société civile ou des partis politiques. Si ce texte est adopté par référendum le 25 juillet 2022, il affaiblira l'indépendance de la justice, accordera au président le droit de déclarer un état d'urgence d'une durée indéterminée et lui permettra de gouverner sans contre-pouvoirs, et ce texte risque de permettre aux autorités de restreindre les droits de l'Homme selon des motifs religieux formulés en termes imprécis » estime l’ONG.