NLTO
/ Magazine d'actualité politique, économique et internationale /




Carrefour refuse la viande du Mercosur : un soutien fort à l’agriculture française







21 Novembre 2024

Le 20 novembre 2024 marque un tournant décisif dans le secteur de la grande distribution en France. Carrefour, l’un des leaders du marché, a annoncé qu’il renonçait à commercialiser de la viande provenant des pays du Mercosur, et ce, même si l’accord de libre-échange avec l’Union européenne était signé. Cette décision, prise par son PDG, Alexandre Bompard, témoigne d’une volonté de protéger l’élevage français, menacé par une concurrence jugée déloyale.


Une position en faveur de la Souveraineté alimentaire

Carrefour refuse la viande du Mercosur : un soutien fort à l’agriculture française
Dans une lettre adressée au président de la FNSEA, principal syndicat agricole français, Alexandre Bompard a affirmé l’engagement de Carrefour à ne vendre aucune viande importée du Mercosur. Cette région, regroupant des pays comme le Brésil et l’Argentine, est un acteur majeur dans l’exportation de viande bovine et de volaille à des coûts très compétitifs. Cependant, ces produits ne répondent pas toujours aux normes environnementales et sanitaires imposées en Europe.
Cet engagement de Carrefour s’appuie sur plusieurs arguments fondamentaux :
  • Normes sanitaires et éthiques : Les viandes produites dans les pays du Mercosur sont souvent associées à des méthodes de production moins strictes que celles appliquées en Europe.
  • Concurrence équitable : L’importation massive de viandes à bas coût risque de désavantager les éleveurs français, qui respectent des normes élevées.
  • Solidarité sectorielle : Carrefour souhaite montrer un soutien clair à une filière déjà fragilisée par de nombreuses crises.

L'accord Mercosur-UE au cœur des tensions

Depuis plusieurs années, les négociations autour de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur suscitent de vives oppositions en France. Cet accord prévoit d’ouvrir davantage le marché européen aux exportations agricoles sud-américaines, notamment la viande bovine. Pour les agriculteurs français, cela représente un danger majeur :

Concurrence déloyale : Les coûts de production, souvent inférieurs en Amérique du Sud, créent un déséquilibre.

Impact environnemental : Les pratiques agricoles, comme la déforestation, contribuent à une empreinte carbone élevée.

Absence de traçabilité stricte : Les consommateurs européens pourraient être exposés à des produits non conformes aux standards locaux.

L’opposition à cet accord est également partagée par une large partie de la classe politique française, y compris Emmanuel Macron, qui exige des révisions substantielles pour assurer un commerce plus juste. Carrefour ne se limite pas à une décision individuelle. L’entreprise espère inspirer d’autres acteurs économiques, en particulier dans le secteur de la restauration hors domicile. Ce segment, qui représente près de 30 % de la consommation de viande en France, dépend à 60 % des importations.
Dans un message publié sur les réseaux sociaux, Alexandre Bompard a encouragé les restaurateurs et les grossistes à se joindre à cette démarche. L’objectif est de créer une dynamique collective, où chaque acteur s’engage à préserver les normes françaises et européennes.