Entre 2006 et 2019, 1 200 journalistes ont été tués dans le cadre de leur travail

Lorsqu’il est tué dans le cadre de son travail, un journaliste n’a que très peu de chance que l’on attrape le responsable. Car à en croire les chiffres compilés par les Nations Unis, dans neuf cas sur dix les crimes sont impunis. Une proportion qui prend toute son importance lorsqu’elle est rapportée au total de 1 200 tués dans le cadre de leur travail. 

« Ce chiffre n'inclut pas les nombreux autres journalistes qui, quotidiennement, subissent des agressions non mortelles, y compris la torture, la disparition forcée, la détention arbitraire, l'intimidation et le harcèlement, que ce soit en situation de conflit ou non. En outre, il existe, pour les femmes journalistes, des risques spécifiques, notamment les agressions sexuelles. Cette impunité non seulement enhardit les criminels, mais aussi décourage la société, y compris les journalistes eux-mêmes. L'impunité favorise l'impunité et alimente un cercle vicieux » rapporte l’ONU.

Comme le souligne l’organisation internationale, de cette impunité découle des effets néfastes pour la société. Car si l’on peut tuer un journaliste et s’en sortir, alors face au risque de voir des informations compromettantes sortir, le pas risque d’être franchi plus facilement. Et notamment concernant ceux qui travaillent sur des sujets liés à des guerres, au banditisme ou aux réseaux occultes de la politique ou de l’économie. Du travail pourtant clairement d’intérêt général. « La société tout entière pâtit de cette impunité. Le genre d'information qui est « passé sous silence » est exactement le genre que le public a besoin de connaître. L'information, qu'elle soit économique, sociale ou politique, est essentielle pour prendre des décisions optimales. Cet accès à une information fiable et de qualité est la pierre angulaire de la démocratie, de la bonne gouvernance et d'institutions efficaces » appuie l’ONU. Face à cette situation, les journalistes du monde entier ont décidé de lutter avec notamment l’initiative Forbidden Stories. Qui consiste justement à reprendre le travail d’un journaliste tué pour lui donner encore plus d’impact et rendre inefficace la tentative d’étouffer l’affaire.