Le numérique et la révolution des supports au cœur des questionnements
Depuis Gutenberg, jamais le mode de diffusion des contenus n’avaient connu une telle révolution. Aujourd’hui, le numérique a pris une place essentielle, voire prépondérante, dans la production, la diffusion, et la mise à disposition des savoirs. Ce changement fondamental, qui touche le cœur de la mission des bibliothèques, est déjà intégré. Elles répondent en effet « à l’ensemble de cette diversité des pratiques en proposant à la fois des contenus, des ressources sur support papier, classique, et sur support numérique pour un lectorat qui va grandissant », affirme Benoît Epron, directeur de la recherche à l’ENSSIB. Il dessine ainsi les contours de la bibliothèque de demain : engagée dans le numérique, sans délaisser le papier, pour garantir l’accès à tous les savoirs, pour tous.
Mais cette ouverture au numérique suscite encore d’importants questionnements. Car l’équation est complexe : il faut accompagner la transition, mais aussi préserver la chaîne de valeur de l’édition, garante de la diversité et de la qualité des contenus. Et donc trouver un modèle de diffusion. Or un rapport de l’IDATE de 2013 (1) révèle que « dans aucun pays n’émerge à ce jour un modèle stable pour la distribution du livre numérique en bibliothèque ».
En France, diverses expériences ont été lancées très récemment, comme le projet PNB (Prêt Numérique en Bibliothèque), ou Biblioaccess, proposé par Numilog. Ce service permet aux libraires de vendre des e-books aux bibliothèques (comme dans le schéma d’acquisition traditionnel), et met à la disposition de ces dernières une plate-forme de consultation pour leurs lecteurs. Il donne notamment accès aux versions numériques des titres de Hachette Livre, le premier éditeur français, qui mène depuis plusieurs années une politique active de numérisation de ses contenus. Naturellement impliqué dans la réflexion autour de la préservation de l’écosystème du livre dans le contexte numérique, Hachette défend un modèle où seront respectés les droits d’auteur et la viabilité de l’ensemble de la filière, pour garantir le maintien de la diversité culturelle. Arnaud Nourry – PDG des éditions Hachette, n’a eu de cesse de promouvoir la « coexistence du papier et du numérique ».
La position et les difficultés des éditeurs vis-à-vis des bibliothèques sont bien résumées par Nicolas Gary, directeur des publications d’Actualitte.com : « Pour un livre papier, ce n’est pas l’éditeur qui traite en direct avec les bibliothèques mais le libraire. A la vente, on reverse à l’éditeur, et à l’auteur. Le circuit est bien rodé. Pour le livre numérique, il n'y a pas ce circuit-là. » Bibliothèques, lecteurs, auteurs, libraires et éditeurs resteront en effet demain comme aujourd’hui préoccupés par le souci de défense de la qualité et de la pluralité des contenus.
La multiplication des données numériques amène aussi à repenser le rôle de la bibliothèque en tant que fournisseur du « terminal » de lecture. Rares aujourd’hui sont les établissements qui ne proposent pas l’accès à des ordinateurs et à internet, et beaucoup expérimentent déjà le prêt de liseuses. Des avancées qui ne pourront que se généraliser à l’avenir.
Mais cette ouverture au numérique suscite encore d’importants questionnements. Car l’équation est complexe : il faut accompagner la transition, mais aussi préserver la chaîne de valeur de l’édition, garante de la diversité et de la qualité des contenus. Et donc trouver un modèle de diffusion. Or un rapport de l’IDATE de 2013 (1) révèle que « dans aucun pays n’émerge à ce jour un modèle stable pour la distribution du livre numérique en bibliothèque ».
En France, diverses expériences ont été lancées très récemment, comme le projet PNB (Prêt Numérique en Bibliothèque), ou Biblioaccess, proposé par Numilog. Ce service permet aux libraires de vendre des e-books aux bibliothèques (comme dans le schéma d’acquisition traditionnel), et met à la disposition de ces dernières une plate-forme de consultation pour leurs lecteurs. Il donne notamment accès aux versions numériques des titres de Hachette Livre, le premier éditeur français, qui mène depuis plusieurs années une politique active de numérisation de ses contenus. Naturellement impliqué dans la réflexion autour de la préservation de l’écosystème du livre dans le contexte numérique, Hachette défend un modèle où seront respectés les droits d’auteur et la viabilité de l’ensemble de la filière, pour garantir le maintien de la diversité culturelle. Arnaud Nourry – PDG des éditions Hachette, n’a eu de cesse de promouvoir la « coexistence du papier et du numérique ».
La position et les difficultés des éditeurs vis-à-vis des bibliothèques sont bien résumées par Nicolas Gary, directeur des publications d’Actualitte.com : « Pour un livre papier, ce n’est pas l’éditeur qui traite en direct avec les bibliothèques mais le libraire. A la vente, on reverse à l’éditeur, et à l’auteur. Le circuit est bien rodé. Pour le livre numérique, il n'y a pas ce circuit-là. » Bibliothèques, lecteurs, auteurs, libraires et éditeurs resteront en effet demain comme aujourd’hui préoccupés par le souci de défense de la qualité et de la pluralité des contenus.
La multiplication des données numériques amène aussi à repenser le rôle de la bibliothèque en tant que fournisseur du « terminal » de lecture. Rares aujourd’hui sont les établissements qui ne proposent pas l’accès à des ordinateurs et à internet, et beaucoup expérimentent déjà le prêt de liseuses. Des avancées qui ne pourront que se généraliser à l’avenir.
Une bibliothèque à la rencontre de ses usagers
Mais la bibliothèque n’est pas que lieu de mise à disposition des savoirs : elle a aussi pour mission de se rendre accessible au plus grand nombre. « Tout citoyen doit pouvoir, tout au long de sa vie, accéder librement aux livres et aux autres sources documentaires », rappelle dans son premier article la Charte des Bibliothèques (2). Un objectif qui impose de s’adapter aux usages et aux habitudes des lecteurs. Ainsi, la bibliothèque de demain devra probablement être davantage ouverte. C’est le souhait formulé par Bibliothèques sans Frontières avec son appel « Ouvrons + les bibliothèques » (3), qui rappelle que « l’accès à la connaissance et à la culture pour le plus grand nombre doit être une priorité », et que « les horaires d’ouverture des bibliothèques interdisent nombre d’entre nous d’y accéder ».
Mais l’accessibilité des bibliothèques aux publics d’aujourd’hui, et de demain, ne passe pas que par la rencontre physique : la bibliothèque du futur devra aussi être disséminée dans les espaces virtuels, où se trouvent désormais massivement ses usagers. La mise à disposition de ressources en ligne, de portails documentaires, de blogs, mais aussi la présence sur les réseaux sociaux ou encore les services de questions/ réponses gérés à distance par des bibliothécaires (4) seront sans nul doute constitutifs des bibliothèques de l’avenir.
Mais l’accessibilité des bibliothèques aux publics d’aujourd’hui, et de demain, ne passe pas que par la rencontre physique : la bibliothèque du futur devra aussi être disséminée dans les espaces virtuels, où se trouvent désormais massivement ses usagers. La mise à disposition de ressources en ligne, de portails documentaires, de blogs, mais aussi la présence sur les réseaux sociaux ou encore les services de questions/ réponses gérés à distance par des bibliothécaires (4) seront sans nul doute constitutifs des bibliothèques de l’avenir.
Nouveaux contenus, nouveaux services… nouveaux espaces ?
La bibliothèque explore aussi des terrains plus larges que celui du seul savoir écrit. La médiathèque départementale de Seine-et-Marne (5) s’appuie ainsi sur CVS pour proposer une offre en streaming de musique, mais aussi des vidéos et de livres. Ailleurs, ce sont les jeux vidéo qui entrent dans les bibliothèques – avec tout cela ce que cela comporte de questionnements légaux.
C’est aussi en travaillant sur les services que la bibliothèque du futur pourra mieux encore répondre à ses missions : amélioration du catalogue (nuage de tags, recommandations …), formation aux nouvelles technologies, mise à disposition de locaux à visée sociale et conviviale…
Car avec une mission qui consiste à remplir « les conditions fondamentales nécessaires à l’apprentissage à tous les pages de la vie, à la prise de décision en toute indépendance et au développement culturel des individus et des groupes sociaux » (6), la bibliothèque n’a pas d’autres choix que d’évoluer avec les contenus, les technologies et les usagers. Les innovations en cours montrent qu’elle relève le défi et donnent un aperçu de ce qu’elle sera demain : un espace au service de ses usagers et des impératifs de la défense, la valorisation et l’accessibilité des contenus.
(1) http://fr.scribd.com/doc/132272056/Etude-offre-commerciale-de-livres-numeriques-pour-les-bibliotheques-pdf
(2) http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/1096-charte-des-bibliotheques.pdf
(3) http://ouvronslesbiblio.wesign.it/fr
(4) Voir par exemple BiblioSésame, réseau de bibliothécaires répondant aux questions posées par les internautes http://www.bibliosesame.org
(5) http://mediatheque77.fr/medialib77
(6) Manifeste sur la bibliothèque publique de l’UNESCO : http://www.unesco.org/webworld/libraries/manifestos/libraman_fr.html
C’est aussi en travaillant sur les services que la bibliothèque du futur pourra mieux encore répondre à ses missions : amélioration du catalogue (nuage de tags, recommandations …), formation aux nouvelles technologies, mise à disposition de locaux à visée sociale et conviviale…
Car avec une mission qui consiste à remplir « les conditions fondamentales nécessaires à l’apprentissage à tous les pages de la vie, à la prise de décision en toute indépendance et au développement culturel des individus et des groupes sociaux » (6), la bibliothèque n’a pas d’autres choix que d’évoluer avec les contenus, les technologies et les usagers. Les innovations en cours montrent qu’elle relève le défi et donnent un aperçu de ce qu’elle sera demain : un espace au service de ses usagers et des impératifs de la défense, la valorisation et l’accessibilité des contenus.
(1) http://fr.scribd.com/doc/132272056/Etude-offre-commerciale-de-livres-numeriques-pour-les-bibliotheques-pdf
(2) http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/1096-charte-des-bibliotheques.pdf
(3) http://ouvronslesbiblio.wesign.it/fr
(4) Voir par exemple BiblioSésame, réseau de bibliothécaires répondant aux questions posées par les internautes http://www.bibliosesame.org
(5) http://mediatheque77.fr/medialib77
(6) Manifeste sur la bibliothèque publique de l’UNESCO : http://www.unesco.org/webworld/libraries/manifestos/libraman_fr.html