Draisy : un nouveau souffle pour les petites lignes
Les lignes de desserte fine du territoire, longues de 3 600 km, représentent un tiers du réseau ferré français. Pourtant, ces voies sont aujourd'hui sous-exploitées, souvent laissées à l'abandon. Draisy, le mini-train développé par la SNCF et Lohr, a pour ambition de les redynamiser. Imaginé comme un croisement entre un tramway et un TER, ce train léger, alimenté par des batteries électriques, pourra circuler sur des voies peu ou non électrifiées. Sa conception lui permet de transporter jusqu'à 80 passagers à une vitesse maximale de 100 km/h, pour une autonomie d'environ 100 km. Le marché est immense : sur les 9 100 km de voies faiblement exploitées, 5 700 km sont aujourd'hui totalement à l'arrêt. Grâce à Draisy, la SNCF espère rouvrir ces lignes à moindre coût et rendre les déplacements plus fréquents et accessibles pour tous.
Draisy se distingue par sa modularité et son efficacité. Long de 14 mètres et pesant seulement 20 tonnes, ce mini-train est conçu pour répondre aux besoins des petites lignes rurales, souvent servies par des autorails bien plus lourds. « L’objectif est de redonner une solution de mobilité dans les territoires peu denses, pour que les gens puissent se déplacer autrement que par leur voiture individuelle », explique Julien Rat, directeur de la division ferroviaire chez Lohr. Son système de batteries rechargeables en à peine deux minutes en station offre une flexibilité d'exploitation unique.
Une mise en service pour 2028
En offrant une alternative au tout-voiture, ce mini-train contribue à la réduction de l'empreinte carbone des déplacements dans les zones rurales. Les autorités locales misent d'ailleurs sur ce projet pour revitaliser les territoires enclavés et favoriser les mobilités plus respectueuses de l'environnement. La Région Grand Est a annoncé un investissement d'un milliard d'euros sur 15 lignes, un effort financier soutenu par le plan France 2030. Draisy offre également des espaces pour vélos et un accès de plain-pied pour les personnes à mobilité réduite, renforçant ainsi sa vocation inclusive.
La mise en service de Draisy est prévue pour 2028, avec une phase d'expérimentation dès 2026 sur une ligne autour de Bitche, en Moselle. Le mini-train sera construit dans l'usine Lohr de Duppigheim (Bas-Rhin), à raison de 600 unités produites sur une période de quinze ans. Son coût de fabrication est estimé à un million d'euros par unité, soit 60 % moins cher qu'un train classique. Avec cet investissement, la SNCF et Lohr espèrent déployer ce modèle sur l'ensemble des petites lignes rurales françaises, offrant une nouvelle solution de transport aux territoires délaissés. Le projet, financé à 40 % par l'État, est une étape clé vers une mobilité plus verte et accessible. « On va chercher des autorisations pour s’insérer sur 500 ou 600 mètres dans des gares de villes moyennes pour faire la connexion avec d’autres types de trains », précise Lohr, rendant ainsi les trajets intermodaux plus fluides.