Le L-CAT, développé par CNIM
Selon Oto-Melara, firme de défense italienne spécialisée dans l’appui-feu naval, 60% des centres décisionnels de la planète sont situés à moins de 40 kilomètres des côtes, et 90% de la population mondiale sont concentrés dans une bande côtière de 200 kilomètres de large. L’actualité coréenne, chinoise, russe, américaine ou encore argentine nous rappelle tous les jours que la puissance militaire, au 21ème siècle, se jouera sur le contrôle des océans et sur la capacité à projeter des forces en n’importe quel point du globe. Le rôle des forces amphibies y sera déterminant, et la manœuvre amphibie pourrait devenir la clef de voûte des stratégies militaires contemporaines.
La France l’a également compris. Elle dispose, sur le plan militaro-diplomatique, d’instruments puissants et d’une expérience indiscutable en projection de forces. Le volet économique n’est pas en reste avec des industries performantes, susceptibles de répondre à une demande croissante de produits de haute technologie. Car, à contre-courant des idées reçues, les bâtiments dédiés aux opérations amphibies sont aujourd’hui des concentrés de technologies et d’innovations. Les marines occidentales comptent de moins en moins de navires, ce qui signifie que les derniers modèles se doivent d’être bien plus performants que leurs ainées.
Avec le 2ème domaine maritime au monde, la France est naturellement en pointe sur les matériels amphibies. Les Bâtiments de Projection et de Commandement (BPC), qui ont trouvé preneur en Russie, et les Transports de Chalands de Débarquement (TCD) sont représentatifs de ce saut technologique : ce sont des bâtiments de fort tonnage, fortement dotés en moyens de communication, de commandement et de renseignement, et destinés à assurer la conduite et la coordination de grandes opérations. Qu’il s’agisse de manœuvres de guerre ou d’interventions humanitaires, cela n’a rien d’opérations de routine.
Mais ces bâtiments auraient une utilité bien moindre s’ils ne disposaient pas d’une batellerie à la hauteur. De la même façon que les performances d’une arme sont indissociables de celles de ses munitions, les bâtiments dédiés aux opérations amphibies s’inscrivent au sein d’un système d’armes et d’équipements. Et la batellerie, constituée des bateaux qui assurent la liaison entre le bateau-mère et la terre, est un domaine dans lequel une société hexagonale commercialise un produit nouveau : la société CNIM, qui propose le Landing-Catamaran ou L-CAT. Forte de son savoir-faire dans des secteurs technologiques de pointe, qu’il s’agisse de centrales de production d’énergie ou du lancement de missiles stratégiques, CNIM a conçu le L-CAT sur fonds propres, sur la base d’investissements conséquents en recherche et développement. Commandé par la marine nationale à hauteur de huit exemplaires, le L-CAT est utilisé en France sous le nom d’Engins de Débarquement Amphibie Rapide ou EDA-R. Alliant un design novateur à une simplicité d’utilisation inédite, il bénéficie d’ores et déjà d’excellents retours de ses utilisateurs, ce qui leur fait dire qu’un nouveau standard en termes de manœuvres amphibies est en train d’émerger.
Fondé sur le concept d’une plate-forme mobile posée sur une coque de catamaran, le L-CAT combine les avantages du catamaran en haute mer, et ceux d’un chaland de débarquement à fond plat dans les eaux littorales, selon le positionnement de la plate-forme. Avec 80 tonnes de charge utile, il est en mesure de déployer les matériels militaires les plus lourds. Sa conception Roll-On/Roll-Off (Ro/Ro) et sa vitesse de transit élevée (moyenne de 24 nœuds) permettent d’optimiser la cadence des rotations, et donc le tonnage délivré à l’heure. Ces caractéristiques revêtent une importance capitale lors d’opérations militaires de débarquement ou en cas d’urgence humanitaire, lorsque le temps passé sur une plage est une donnée critique.
Dans une interview accordée à Elsa Bembaron du Figaro, en avril 2012, le président de la CNIM souligne tout l’intérêt qu’auraient des matériels tels le L-CAT lors de catastrophes naturelles comme le tremblement de terre en Haïti. Lors de ces événements, la majorité des infrastructures portuaires ont été détruites ou rendues inutilisables ; avec sa capacité à « beacher » sur tous les terrains, le L-CAT aurait pu rendre d’inestimables services. Les commandements militaires nomment cela la Ship-to-Shore Maneuver, phase de grande vulnérabilité pour la quelle le L-CAT présente des avantages certains. Disposant de plus d’un rayon d’action exceptionnel d’environ 1000 milles, le L-CAT peut être utilisé de manière autonome, en transport logistique civil ou par des services de secours, sur les zones côtières difficilement accessibles autrement.
Naturellement, le L-CAT arrive sur un marché concurrentiel, particulièrement outre-Atlantique. Mais il n’a pas vraiment de concurrent direct, faisant face à des produits soit plus complexes (aéroglisseur), donc plus fragiles et plus sensibles à une mer formée, soit beaucoup plus lents (barges classiques). L’un de ses points fort réside dans son coût, à l’achat et à l’usage, estimé deux à trois inférieurs à celui de l’aéroglisseur (spécialement si la consommation de carburant est comptabilisée). Le L-CAT a fait la démonstration de ses capacités durant l’exercice amphibie interalliés Bold Alligator 2012. Déployé pour la première fois hors des eaux françaises, il a suscité un intérêt non dissimulé de la part des autorités américaines. Ces dernières réfléchissent actuellement au remplacement d’une partie de leur batellerie amphibie, via le concept de Ship to Shore Connector (SSC). Très (trop ?) proche de concepts déjà anciens, il vient de faire les frais de la comparaison avec le L-CAT. Compte tenu de l’importance de l’avis des utilisateurs opérationnels aux Etats-Unis, particulièrement dans le corps des Marines, il n’est pas illusoire de croire aux chances du bâtiment français là-bas.
A l’heure où les questions industrielles prennent une tournure excessivement politique, et où l’on s’interroge sur notre capacité à produire en France, force est de constater que nous disposons encore de société innovantes et créatives comme CNIM. Compte tenu de la place croissante que prennent les problématiques amphibies, aussi bien sur le plan militaire que civil ou humanitaire, la France peut compter sur une expertise solide, partagée par les utilisateurs et les concepteurs des matériels. A peine déployés en opérations, certains de nos produits se posent déjà en référence de leur discipline. Dès lors, on se prend sans peine à croire au renouveau d’une industrie française portée par l’innovation.
La France l’a également compris. Elle dispose, sur le plan militaro-diplomatique, d’instruments puissants et d’une expérience indiscutable en projection de forces. Le volet économique n’est pas en reste avec des industries performantes, susceptibles de répondre à une demande croissante de produits de haute technologie. Car, à contre-courant des idées reçues, les bâtiments dédiés aux opérations amphibies sont aujourd’hui des concentrés de technologies et d’innovations. Les marines occidentales comptent de moins en moins de navires, ce qui signifie que les derniers modèles se doivent d’être bien plus performants que leurs ainées.
Avec le 2ème domaine maritime au monde, la France est naturellement en pointe sur les matériels amphibies. Les Bâtiments de Projection et de Commandement (BPC), qui ont trouvé preneur en Russie, et les Transports de Chalands de Débarquement (TCD) sont représentatifs de ce saut technologique : ce sont des bâtiments de fort tonnage, fortement dotés en moyens de communication, de commandement et de renseignement, et destinés à assurer la conduite et la coordination de grandes opérations. Qu’il s’agisse de manœuvres de guerre ou d’interventions humanitaires, cela n’a rien d’opérations de routine.
Mais ces bâtiments auraient une utilité bien moindre s’ils ne disposaient pas d’une batellerie à la hauteur. De la même façon que les performances d’une arme sont indissociables de celles de ses munitions, les bâtiments dédiés aux opérations amphibies s’inscrivent au sein d’un système d’armes et d’équipements. Et la batellerie, constituée des bateaux qui assurent la liaison entre le bateau-mère et la terre, est un domaine dans lequel une société hexagonale commercialise un produit nouveau : la société CNIM, qui propose le Landing-Catamaran ou L-CAT. Forte de son savoir-faire dans des secteurs technologiques de pointe, qu’il s’agisse de centrales de production d’énergie ou du lancement de missiles stratégiques, CNIM a conçu le L-CAT sur fonds propres, sur la base d’investissements conséquents en recherche et développement. Commandé par la marine nationale à hauteur de huit exemplaires, le L-CAT est utilisé en France sous le nom d’Engins de Débarquement Amphibie Rapide ou EDA-R. Alliant un design novateur à une simplicité d’utilisation inédite, il bénéficie d’ores et déjà d’excellents retours de ses utilisateurs, ce qui leur fait dire qu’un nouveau standard en termes de manœuvres amphibies est en train d’émerger.
Fondé sur le concept d’une plate-forme mobile posée sur une coque de catamaran, le L-CAT combine les avantages du catamaran en haute mer, et ceux d’un chaland de débarquement à fond plat dans les eaux littorales, selon le positionnement de la plate-forme. Avec 80 tonnes de charge utile, il est en mesure de déployer les matériels militaires les plus lourds. Sa conception Roll-On/Roll-Off (Ro/Ro) et sa vitesse de transit élevée (moyenne de 24 nœuds) permettent d’optimiser la cadence des rotations, et donc le tonnage délivré à l’heure. Ces caractéristiques revêtent une importance capitale lors d’opérations militaires de débarquement ou en cas d’urgence humanitaire, lorsque le temps passé sur une plage est une donnée critique.
Dans une interview accordée à Elsa Bembaron du Figaro, en avril 2012, le président de la CNIM souligne tout l’intérêt qu’auraient des matériels tels le L-CAT lors de catastrophes naturelles comme le tremblement de terre en Haïti. Lors de ces événements, la majorité des infrastructures portuaires ont été détruites ou rendues inutilisables ; avec sa capacité à « beacher » sur tous les terrains, le L-CAT aurait pu rendre d’inestimables services. Les commandements militaires nomment cela la Ship-to-Shore Maneuver, phase de grande vulnérabilité pour la quelle le L-CAT présente des avantages certains. Disposant de plus d’un rayon d’action exceptionnel d’environ 1000 milles, le L-CAT peut être utilisé de manière autonome, en transport logistique civil ou par des services de secours, sur les zones côtières difficilement accessibles autrement.
Naturellement, le L-CAT arrive sur un marché concurrentiel, particulièrement outre-Atlantique. Mais il n’a pas vraiment de concurrent direct, faisant face à des produits soit plus complexes (aéroglisseur), donc plus fragiles et plus sensibles à une mer formée, soit beaucoup plus lents (barges classiques). L’un de ses points fort réside dans son coût, à l’achat et à l’usage, estimé deux à trois inférieurs à celui de l’aéroglisseur (spécialement si la consommation de carburant est comptabilisée). Le L-CAT a fait la démonstration de ses capacités durant l’exercice amphibie interalliés Bold Alligator 2012. Déployé pour la première fois hors des eaux françaises, il a suscité un intérêt non dissimulé de la part des autorités américaines. Ces dernières réfléchissent actuellement au remplacement d’une partie de leur batellerie amphibie, via le concept de Ship to Shore Connector (SSC). Très (trop ?) proche de concepts déjà anciens, il vient de faire les frais de la comparaison avec le L-CAT. Compte tenu de l’importance de l’avis des utilisateurs opérationnels aux Etats-Unis, particulièrement dans le corps des Marines, il n’est pas illusoire de croire aux chances du bâtiment français là-bas.
A l’heure où les questions industrielles prennent une tournure excessivement politique, et où l’on s’interroge sur notre capacité à produire en France, force est de constater que nous disposons encore de société innovantes et créatives comme CNIM. Compte tenu de la place croissante que prennent les problématiques amphibies, aussi bien sur le plan militaire que civil ou humanitaire, la France peut compter sur une expertise solide, partagée par les utilisateurs et les concepteurs des matériels. A peine déployés en opérations, certains de nos produits se posent déjà en référence de leur discipline. Dès lors, on se prend sans peine à croire au renouveau d’une industrie française portée par l’innovation.