La célébrité serait devenue la valeur numéro un de l’époque. Et à travers elle, des acteurs, des starlettes, des blogueuses, des modeuses, des it-girls dictent le la au reste du monde. Ces « vrais personnages de fées pour adultes », sont prescripteurs, nous en mettent plein la vue, semblent nous dire que leur vie est parfaite. Et par un effet boumerang, nous laisser entendre que la notre est pourrie.
Le journaliste et sociologue Guillaume Erner s’est penché sur ce phénomène. Il lui consacre un essai passionnant, La souveraineté du people, à paraître cette semaine chez Gallimard. « La célébrité est devenue la seule vraie religion de notre temps. Seulement, nous ne nous en rendons plus compte tant nous baignons dedans, le nez collé dans notre Facebook, notre Instagram ou notre Twitter à essayer d’être reconnu nous aussi », détaille t-il dans Elle. « Notre époque n’a plus de modèles. Autrefois, on faisait comme ses aïeux, on écoutait le curé, le parti ou le patron. De nos jours, les gens sont perdus et, face aux innombrables choix qu’offre l’existence, ils s’inspirent des people qui leur dictent une manière de vivre. »
Les people comme on les appelle, sont devenus un miroir, même si le miroir est un miroir aux alouettes. Ceux qui sont suivis et épiés, ont gommé toutes les barrières « entre vie privée et professionnelle », explique Guillaume Erner dans Elle. Pire, les people se politisent de plus en plus. Par ricochet, les politiques se pipolisent de plus en plus. Ce qui fait dire au sociologue : « autrefois, c’était le pouvoir qui donnait la notoriété (Louis XIV, Charles de Gaulle). Aujourd’hui, c’est la notoriété qui donne le pouvoir. En gros, « sois célèbre d’abord, et ensuite fais-en quelque chose. »
Effrayant ? Oui. Et captivant aussi. La meilleure façon de saisir une société, c’est de comprendre ses obsessions. La nôtre est obsédée par la célébrité. L’essai de Guillaume Erner cherche à comprendre pourquoi, et comment, la notoriété est devenue un tel objectif, ultime. D’ailleurs, il fait remarquer qu’il s’est produit plus qu’une évolution : une révolution. Ainsi, le narcissisme a triomphé de l’humilité. Autrefois, la gloire était encensée. Mais la célébrité n’est pas la gloire, les people ne sont pas des héros. Constat que beaucoup d’entre nous, ont tendance à ignorer ou à minimiser. Tenter de saisir cette rupture, c’est saisir la nature de notre époque.
Pourquoi les people suscitent-ils autant d’attrait ? Leur présence dépasse aujourd’hui la presse spécialisée. Ils ont envahi Internet et les réseaux sociaux. Alors que les people ne sont « célèbres que pour leur célébrité », l’attention dont ils bénéficient ne cesse de croître. Cet essai vise à comprendre ce paradoxe. Pour se faire, il convoque un univers éloigné de celui de Nabilla : celui des sociologues qui, de Weber à Simmel, se sont attachés à expliquer la modernité. Car les people constituent le parfait résumé de notre époque. Comprendre le rôle qu’ils jouent auprès de nos contemporains, permet de mieux comprendre notre société. Ce nouveau culte de la célébrité pour elle-même, révèle la condition des anonymes, depuis l'individualisme contemporain jusqu’au consumérisme. À travers le people, c’est le peuple qui est éclairé.
La souveraineté du people, Guillaume Erner, (Gallimard).
Le journaliste et sociologue Guillaume Erner s’est penché sur ce phénomène. Il lui consacre un essai passionnant, La souveraineté du people, à paraître cette semaine chez Gallimard. « La célébrité est devenue la seule vraie religion de notre temps. Seulement, nous ne nous en rendons plus compte tant nous baignons dedans, le nez collé dans notre Facebook, notre Instagram ou notre Twitter à essayer d’être reconnu nous aussi », détaille t-il dans Elle. « Notre époque n’a plus de modèles. Autrefois, on faisait comme ses aïeux, on écoutait le curé, le parti ou le patron. De nos jours, les gens sont perdus et, face aux innombrables choix qu’offre l’existence, ils s’inspirent des people qui leur dictent une manière de vivre. »
Les people comme on les appelle, sont devenus un miroir, même si le miroir est un miroir aux alouettes. Ceux qui sont suivis et épiés, ont gommé toutes les barrières « entre vie privée et professionnelle », explique Guillaume Erner dans Elle. Pire, les people se politisent de plus en plus. Par ricochet, les politiques se pipolisent de plus en plus. Ce qui fait dire au sociologue : « autrefois, c’était le pouvoir qui donnait la notoriété (Louis XIV, Charles de Gaulle). Aujourd’hui, c’est la notoriété qui donne le pouvoir. En gros, « sois célèbre d’abord, et ensuite fais-en quelque chose. »
Effrayant ? Oui. Et captivant aussi. La meilleure façon de saisir une société, c’est de comprendre ses obsessions. La nôtre est obsédée par la célébrité. L’essai de Guillaume Erner cherche à comprendre pourquoi, et comment, la notoriété est devenue un tel objectif, ultime. D’ailleurs, il fait remarquer qu’il s’est produit plus qu’une évolution : une révolution. Ainsi, le narcissisme a triomphé de l’humilité. Autrefois, la gloire était encensée. Mais la célébrité n’est pas la gloire, les people ne sont pas des héros. Constat que beaucoup d’entre nous, ont tendance à ignorer ou à minimiser. Tenter de saisir cette rupture, c’est saisir la nature de notre époque.
Pourquoi les people suscitent-ils autant d’attrait ? Leur présence dépasse aujourd’hui la presse spécialisée. Ils ont envahi Internet et les réseaux sociaux. Alors que les people ne sont « célèbres que pour leur célébrité », l’attention dont ils bénéficient ne cesse de croître. Cet essai vise à comprendre ce paradoxe. Pour se faire, il convoque un univers éloigné de celui de Nabilla : celui des sociologues qui, de Weber à Simmel, se sont attachés à expliquer la modernité. Car les people constituent le parfait résumé de notre époque. Comprendre le rôle qu’ils jouent auprès de nos contemporains, permet de mieux comprendre notre société. Ce nouveau culte de la célébrité pour elle-même, révèle la condition des anonymes, depuis l'individualisme contemporain jusqu’au consumérisme. À travers le people, c’est le peuple qui est éclairé.
La souveraineté du people, Guillaume Erner, (Gallimard).