Nicolas Rey est en pleine forme. En tout cas, dans son dernier roman, Les enfants qui mentent n’iront pas au paradis, fable burlesque et désabusée sur notre temps. Les enfants qui mentent, c’est un peu comme si Michel Houellebecq entrait en collision avec Virginie Despentes, mais un Michel Houellebecq sous speed et antidépresseurs, bien plus joyeux que d’habitude. Et maniant le second degré avec un certain panache.
Gabriel, l’alter ego de l’auteur, est KO debout après avoir été largué par Justine. Elle est partie. Elle voulait « sauver sa peau.» L’ambiance, qui plus est, est loin d'être farce. Elle est même à la fin du monde, cette pseudo prédication qui devait entraîner l'apocalypse fin décembre 2012. Tout cela tape sur le système et sape le moral. Il n’en faut pas plus pour que Gabriel, quadragénaire, ancien alcoolique, déjà divorcé, ne déprime et perde foi en l'avenir.
C’est sans compter avec une rencontre inopinée, la maîtresse de son jeune fils. Catherine Arnaux, cinquante ans, est une sorte de guerrière des temps modernes à la sexualité très décomplexée. Aux parents d’élèves médusés, elle dit : « vos enfants sont adorables. Ils sont polis, calmes et attentifs. Seul bémol, la plupart possèdent déjà tous les principes d’une gauche bienveillante. Rien qu’à sentir leurs cheveux, on devine déjà le centre gauche et l’écologie chic. Donc, ils sont bêtes. » Catherine Arnaux, sorte de Sigourney Weaver, milite au Parti national, avatar du FN.
Et ce qui n’aurait jamais dû arriver, arriva. Gabriel s’entiche de Catherine Arnaux, ce qui est loin d’être une sinécure. Elle pourrait bien souscrire à la thèse de Houellebecq et sa théorie du grand remplacement, sauf qu’elle n’est pas raciste, elle est laïque. Elle brouille aussi les pistes, louant la nuit des costumes à de nombreux déviants sexuels. Dans ce roman d’amour malheureusement prémonitoire, Nicolas Rey aborde des thèmes chauds brûlants : montée des extrémismes et du nationalisme, peur de l’autre et des étrangers, islamophobie.
Mais le regard de Gabriel est toujours décalé, ironique, punk et politiquement incorrect, ce qui fait un bien fou en ces temps de conformisme. Il se moque des hipsters de l’Est parisien qui portent chemises à carreaux, votent écolo, roulent à vélo, mangent du kale mais contournent la carte scolaire pour mettre leurs enfants dans les écoles de l’élite. Pourquoi ? Par peur de la mixité sociale. Pourtant, il a du mal à partager les convictions de Catherine Arnaux.
Dans Les enfants qui mentent n’iront pas au paradis, Nicolas Rey parvient à saisir les fracas de notre temps, et la crise morale d’une époque qui ne l’est pas. D’une question politique hier encore tabou, et qui se révèle finalement traverser la société française, il a écrit, de façon quasi prémonitoire, un magnifique roman, rattrapé de façon saisissante par l’actualité politique de l’hiver.
Les enfants qui mentent n’iront pas au paradis, Nicolas Rey (Au Diable Vauvert).
Gabriel, l’alter ego de l’auteur, est KO debout après avoir été largué par Justine. Elle est partie. Elle voulait « sauver sa peau.» L’ambiance, qui plus est, est loin d'être farce. Elle est même à la fin du monde, cette pseudo prédication qui devait entraîner l'apocalypse fin décembre 2012. Tout cela tape sur le système et sape le moral. Il n’en faut pas plus pour que Gabriel, quadragénaire, ancien alcoolique, déjà divorcé, ne déprime et perde foi en l'avenir.
C’est sans compter avec une rencontre inopinée, la maîtresse de son jeune fils. Catherine Arnaux, cinquante ans, est une sorte de guerrière des temps modernes à la sexualité très décomplexée. Aux parents d’élèves médusés, elle dit : « vos enfants sont adorables. Ils sont polis, calmes et attentifs. Seul bémol, la plupart possèdent déjà tous les principes d’une gauche bienveillante. Rien qu’à sentir leurs cheveux, on devine déjà le centre gauche et l’écologie chic. Donc, ils sont bêtes. » Catherine Arnaux, sorte de Sigourney Weaver, milite au Parti national, avatar du FN.
Et ce qui n’aurait jamais dû arriver, arriva. Gabriel s’entiche de Catherine Arnaux, ce qui est loin d’être une sinécure. Elle pourrait bien souscrire à la thèse de Houellebecq et sa théorie du grand remplacement, sauf qu’elle n’est pas raciste, elle est laïque. Elle brouille aussi les pistes, louant la nuit des costumes à de nombreux déviants sexuels. Dans ce roman d’amour malheureusement prémonitoire, Nicolas Rey aborde des thèmes chauds brûlants : montée des extrémismes et du nationalisme, peur de l’autre et des étrangers, islamophobie.
Mais le regard de Gabriel est toujours décalé, ironique, punk et politiquement incorrect, ce qui fait un bien fou en ces temps de conformisme. Il se moque des hipsters de l’Est parisien qui portent chemises à carreaux, votent écolo, roulent à vélo, mangent du kale mais contournent la carte scolaire pour mettre leurs enfants dans les écoles de l’élite. Pourquoi ? Par peur de la mixité sociale. Pourtant, il a du mal à partager les convictions de Catherine Arnaux.
Dans Les enfants qui mentent n’iront pas au paradis, Nicolas Rey parvient à saisir les fracas de notre temps, et la crise morale d’une époque qui ne l’est pas. D’une question politique hier encore tabou, et qui se révèle finalement traverser la société française, il a écrit, de façon quasi prémonitoire, un magnifique roman, rattrapé de façon saisissante par l’actualité politique de l’hiver.
Les enfants qui mentent n’iront pas au paradis, Nicolas Rey (Au Diable Vauvert).