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Sachets de nicotine : pourquoi privilégier réglementation à interdiction ?







15 Novembre 2024

En Suède, l’encadrement strict des produits nicotiniques, notamment des sachets de nicotine sans tabac, a permis de réduire significativement le nombre de fumeurs. Cette approche de réduction des risques, plutôt que de prohibition, est aujourd’hui saluée dans plusieurs études de santé publique pour ses résultats probants en termes de santé.


L’exemple suédois : le snus pour réduire la consommation de cigarettes

Or, en ce mois de novembre 2024, en France, la potentielle interdiction des sachets de nicotine suscite le débat. En effet, si ces produits sont perçus par certains comme une alternative à la cigarette, les autorités sanitaires expriment leurs préoccupations quant à leurs effets sur les jeunes. Et le gouvernement, qui doit trancher sur l’avenir des « pouches », comme on les appelle, semble pencher en faveur d’une interdiction pure et simple. Mais est-ce la bonne stratégie ?

La Suède, qui pourrait prochainement devenir le premier pays sans cigarette avec une prévalence tabagique proche de 5% (vs 24,5% en France) est souvent citée comme exemple de politique de lutte contre la cigarette. Dans ce pays, l'usage de produits comme le « snus » – ancêtre des sachets de nicotine contenant du tabac – est légal, mais soumis à un cadre de réglementation. La vente est limitée aux adultes, et certaines saveurs susceptibles d’attirer les jeunes sont interdites. De plus, cette réglementation s’accompagne de campagnes de sensibilisation sur les méfaits de la nicotine, ainsi que de contrôles renforcés pour éviter les abus.

Le résultat ? La Suède affiche aujourd’hui un des taux de cancers du poumon les plus bas d’Europe. Ce modèle de gestion des produits nicotiniques offre des pistes intéressantes pour d’autres pays, comme la France, qui envisagent l’interdiction des sachets de nicotine.
 

Les risques associés aux sachets de nicotine

Les sachets de nicotine sont des produits sans tabac, inspirés du snus suédois, qui permettent aux consommateurs d’absorber de la nicotine sans combustion ni tabagisme passif, préservant ainsi leur entourage. Ils se présentent sous la forme de petits sachets contenant de la nicotine, des arômes et des fibres végétales, et se placent sous la lèvre pour une absorption lente. Ce mode de consommation réduit certains risques associés au tabagisme, comme l’exposition aux goudrons et autres substances cancérigènes présentes dans la fumée de cigarette. Toutefois, il est impossible de nier que ces sachets comportent des risques propres, notamment l’addiction à la nicotine.

En France, les autorités sanitaires, notamment l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES), s'inquiètent de l’accessibilité de ces produits et de leur attrait pour les jeunes. La facilité avec laquelle les sachets de nicotine peuvent être obtenus et la diversité des saveurs proposées sont perçues comme des facteurs incitant à la consommation chez un public sensible. Ainsi, pour limiter ces risques, certains défenseurs de la santé publique prônent une interdiction pure et simple des sachets de nicotine.

Cependant dans le cas présent, comme souvent, l’interdiction s’apparente à une fausse bonne idée. En effet, il y a fort à parier qu’elle entraîne l’émergence d’un marché clandestin des sachets de nicotine. Comme pour tout produit prohibé, mais recherché, une interdiction des sachets de nicotine pourrait entraîner un contournement des règles et favoriser l’achat illégal de ces produits, notamment sur Internet et les réseaux sociaux, deux canaux privilégiés de la jeunesse. Un tel marché parallèle échapperait, par définition, au contrôle de l’État et exposerait les consommateurs à des produits sans garantie de qualité ou de sécurité.

Face aux risques associés à une interdiction, la réglementation semble offrir une voie intermédiaire. Elle pourrait comprendre un encadrement de la vente, des contrôles d’âge rigoureux, l’interdiction des saveurs susceptibles d’attirer les jeunes et la limitation de la concentration de nicotine par sachet – limites fixées à 16,6 mg par l’Institut d’évaluation des risques allemands (BfR) et 20 mg par l’Agence fédérale belge des produits de santé (afmps).