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Santé : l’automutilation numérique, un phénomène inquiétant en plein essor







16 Juillet 2024

L’automutilation numérique, un phénomène en pleine croissance, soulève des préoccupations importantes quant à la santé mentale des jeunes. Cette pratique consiste à s’envoyer anonymement des messages haineux sur les réseaux sociaux, une forme de violence autodirigée facilitée par l'anonymat en ligne. Comment protéger les jeunes de ce nouveau fléau ?


Qu'est-ce que l'automutilation numérique ?

L’automutilation numérique est un comportement où les individus publient ou partagent anonymement du contenu injurieux à leur propre égard sur internet. Contrairement au cyberharcèlement traditionnel, où l’abus est dirigé vers autrui, l’automutilation numérique implique que la victime et l'agresseur sont la même personne. Cette pratique a été identifiée pour la première fois en 2010 et touche particulièrement les jeunes, notamment les filles, les jeunes non hétérosexuels et ceux issus de minorités raciales.

Selon une étude menée par la Florida Atlantic University et l'Université du Wisconsin à Eau Claire, entre 2016 et 2021, 9 à 12% des adolescents américains âgés de 13 à 17 ans ont pratiqué l’automutilation numérique, soit une augmentation de plus de 88% depuis 2016. Les résultats de cette étude montrent que ce phénomène touche de plus en plus de jeunes et nécessite des interventions ciblées pour prévenir ses effets dévastateurs.

Motivations et conséquences

Les motivations derrière l’automutilation numérique sont variées : haine de soi, recherche d'attention, désir d'avoir l'air cool, humour noir, appel à l'aide… Sameer Hinduja, co-auteur de l'étude et professeur à la School of Criminology and Criminal Justice de la Florida Atlantic University, explique que ce comportement est associé à des problèmes majeurs tels que la dépression, les troubles de l'alimentation, les dommages physiques, les troubles du sommeil et les tendances suicidaires. « Cette trajectoire ascendante, en particulier au sein de groupes démographiques spécifiques, souligne la nécessité d'interventions ciblées et de systèmes de soutien, d'autant plus que la recherche a montré une forte association entre l'automutilation numérique et l'automutilation traditionnelle, ainsi qu'entre l'automutilation numérique et la suicidalité », affirment les auteurs de l’étude.

L’étude révèle que certains groupes d'adolescents sont plus vulnérables à l’automutilation numérique. Les jeunes femmes, les adolescents non hétérosexuels et ceux issus de minorités raciales sont plus susceptibles de s'automutiler en ligne. De plus, les jeunes ayant subi du cyberharcèlement sont cinq à sept fois plus susceptibles de pratiquer l'automutilation numérique. «  Il est essentiel que les parents, les éducateurs et les professionnels de la santé mentale qui travaillent avec les jeunes apportent leur soutien à toutes les cibles d'abus en ligne, que ce soit dans un cadre informel et conversationnel ou dans un cadre formel et clinique », souligne Sameer Hinduja.