Un lieu aux multiples vies
Habituées aux imposantes pierres, les terres d’Allemagne du nord-est abritent les châteaux les plus secrets. Peu de bâtisses peuvent se vanter d’avoir su traverser les siècles et renaître aujourd’hui. La construction du château de Bützow se nourrit de la millénaire histoire de la région Mecklembourg Poméranie Occidentale, baignée par la Mer Baltique et foulée par des peuples venus du Nord ou de l’actuelle Pologne.
On retrouve les premières traces du château au 12ème siècle, époque à laquelle les évêques du diocèse avaient établi leur résidence jusqu’au 14ème siècle. Quelques murs fondateurs et les voûtes d’une chapelle témoignent encore aujourd’hui de cette période épiscopale. C’est que le château a été maintes fois détruit puis reconstruit, au fil des différends opposant les notables locaux. A chaque propriétaire, à chaque époque une pierre est apportée ou enlevée à l’édifice. Transformé en château Renaissance, il devient une demeure de sang bleu, que les propriétaires aménagent et agrandissent à leur goût. Son âge d’or est porté par la princesse Sophie-Charlotte, veuve du Duc de Mecklembourg qui s’y installe au 17ème siècle. C’est cette habitation de trois étages, montée sur poutres, qui trône encore aujourd’hui à Bützow.
Niché en plein centre de la petite ville, le château est le témoin privilégié de l’histoire politique et sociale de la région. Espace multiple, il a sans cesse été réinventé jusqu’à accueillir professeurs et élèves lors de sa transformation en université en 1789 par le Duc Frédéric. Les murs ont également côtoyé des juges et des criminels lors de sa reconversion en Haute Cour de 1812 à 1879 puis en prison. A l’époque de la RDA, le château se mue en centre culturel puis en une bibliothèque et même en une école de musique. Inlassablement, Bützow continue sa mue au fil des siècles et abrite tous les curieux qui osent en pousser les portes. Drôle de destin pour cette imposante bâtisse qui, déjà sous l’égide de la princesse Sophie-Charlotte, accueillait des huguenots en fuite. Comme un clin d’œil à sa pétulante histoire, le château de Bützow renait grâce à un autre Français, cette fois-ci.
Une rénovation riche de sens
De nationalité française et belge, Yves Laisné s’est pris de passion pour ce château historique. A la tête d’un cabinet de conseil juridique aux entreprises en difficulté, celui qui s’affiche volontiers comme un citoyen d’Europe, consacre son temps (et son argent) à redonner au lieu le faste qu’il mérite. Et la tâche est immense à l’image du château trouvé à l’état de quasi ruine. Entouré d’entreprises locales, Yves Laisné s’est d’abord attaqué à la réparation de la façade en terre cuite, initialement ornée d’armoiries. Puis le toit a petit à petit retrouvé sa forme pointue, caractéristique des demeures venues du froid. Aujourd’hui les fenêtres cossues ainsi que de belles portes extérieures habillent de nouveau le château. La rénovation de la coque extérieure finalisée, le propriétaire peut contempler le pari, un peu fou, fait quelques années auparavant.
Car la démarche est assez originale, à l’image de son instigateur qui a suivi ce qu’il appelle « un choix de destinée ». En effet, le choix d’Yves Laisné est avant tout symbolique. S’il a investi « tous les excédents » qu’il peut dégager, c’est que ce passionné rapièce une histoire familiale douloureuse. Une partie de sa famille maternelle a été exterminée par les nazis. En 2002, il obtient la rétrocession d’un immeuble saisi puis vendu à un dignitaire SS, appartenant à son grand-oncle et à sa grand-tante abattus par la Gestapo. Yves Laisné vend cet immeuble et grâce à cet apport, achète le château historique de Bützow au détour d’un hasard qui n’en était peut-être pas un.
Chaque étape de la reconstruction de Bützow fait écho à son attachement filial mais également à sa volonté de réconciliation. «J’ai tourné la page et je me suis trouvé une certaine parenté avec l’Allemagne. Les Allemands d’aujourd’hui ne sont pas responsables de ce qu’ont fait leurs grands-parents » confie celui qui vit aujourd’hui en Allemagne. La restauration est loin d’être terminée : de nombreux chantiers attendent encore l’homme passionné, qui espère que le château de Bützow soit reconnu comme un des joyaux parmi les nombreux autres que compte la région Mecklembourg Poméranie occidentale. A sa manière, Yves Laisné s’investit dans l’histoire d’une renaissance. La sienne, finalement ?
Habituées aux imposantes pierres, les terres d’Allemagne du nord-est abritent les châteaux les plus secrets. Peu de bâtisses peuvent se vanter d’avoir su traverser les siècles et renaître aujourd’hui. La construction du château de Bützow se nourrit de la millénaire histoire de la région Mecklembourg Poméranie Occidentale, baignée par la Mer Baltique et foulée par des peuples venus du Nord ou de l’actuelle Pologne.
On retrouve les premières traces du château au 12ème siècle, époque à laquelle les évêques du diocèse avaient établi leur résidence jusqu’au 14ème siècle. Quelques murs fondateurs et les voûtes d’une chapelle témoignent encore aujourd’hui de cette période épiscopale. C’est que le château a été maintes fois détruit puis reconstruit, au fil des différends opposant les notables locaux. A chaque propriétaire, à chaque époque une pierre est apportée ou enlevée à l’édifice. Transformé en château Renaissance, il devient une demeure de sang bleu, que les propriétaires aménagent et agrandissent à leur goût. Son âge d’or est porté par la princesse Sophie-Charlotte, veuve du Duc de Mecklembourg qui s’y installe au 17ème siècle. C’est cette habitation de trois étages, montée sur poutres, qui trône encore aujourd’hui à Bützow.
Niché en plein centre de la petite ville, le château est le témoin privilégié de l’histoire politique et sociale de la région. Espace multiple, il a sans cesse été réinventé jusqu’à accueillir professeurs et élèves lors de sa transformation en université en 1789 par le Duc Frédéric. Les murs ont également côtoyé des juges et des criminels lors de sa reconversion en Haute Cour de 1812 à 1879 puis en prison. A l’époque de la RDA, le château se mue en centre culturel puis en une bibliothèque et même en une école de musique. Inlassablement, Bützow continue sa mue au fil des siècles et abrite tous les curieux qui osent en pousser les portes. Drôle de destin pour cette imposante bâtisse qui, déjà sous l’égide de la princesse Sophie-Charlotte, accueillait des huguenots en fuite. Comme un clin d’œil à sa pétulante histoire, le château de Bützow renait grâce à un autre Français, cette fois-ci.
Une rénovation riche de sens
De nationalité française et belge, Yves Laisné s’est pris de passion pour ce château historique. A la tête d’un cabinet de conseil juridique aux entreprises en difficulté, celui qui s’affiche volontiers comme un citoyen d’Europe, consacre son temps (et son argent) à redonner au lieu le faste qu’il mérite. Et la tâche est immense à l’image du château trouvé à l’état de quasi ruine. Entouré d’entreprises locales, Yves Laisné s’est d’abord attaqué à la réparation de la façade en terre cuite, initialement ornée d’armoiries. Puis le toit a petit à petit retrouvé sa forme pointue, caractéristique des demeures venues du froid. Aujourd’hui les fenêtres cossues ainsi que de belles portes extérieures habillent de nouveau le château. La rénovation de la coque extérieure finalisée, le propriétaire peut contempler le pari, un peu fou, fait quelques années auparavant.
Car la démarche est assez originale, à l’image de son instigateur qui a suivi ce qu’il appelle « un choix de destinée ». En effet, le choix d’Yves Laisné est avant tout symbolique. S’il a investi « tous les excédents » qu’il peut dégager, c’est que ce passionné rapièce une histoire familiale douloureuse. Une partie de sa famille maternelle a été exterminée par les nazis. En 2002, il obtient la rétrocession d’un immeuble saisi puis vendu à un dignitaire SS, appartenant à son grand-oncle et à sa grand-tante abattus par la Gestapo. Yves Laisné vend cet immeuble et grâce à cet apport, achète le château historique de Bützow au détour d’un hasard qui n’en était peut-être pas un.
Chaque étape de la reconstruction de Bützow fait écho à son attachement filial mais également à sa volonté de réconciliation. «J’ai tourné la page et je me suis trouvé une certaine parenté avec l’Allemagne. Les Allemands d’aujourd’hui ne sont pas responsables de ce qu’ont fait leurs grands-parents » confie celui qui vit aujourd’hui en Allemagne. La restauration est loin d’être terminée : de nombreux chantiers attendent encore l’homme passionné, qui espère que le château de Bützow soit reconnu comme un des joyaux parmi les nombreux autres que compte la région Mecklembourg Poméranie occidentale. A sa manière, Yves Laisné s’investit dans l’histoire d’une renaissance. La sienne, finalement ?