Aujourd’hui, on paie encore son café et sa baguette avec de la petite monnaie. Pourtant, on parle de plus en plus de la potentielle et future disparition de l’argent liquide au profit de la carte bancaire. Moyen de paiement de plus en plus répandu avec des seuils de plus en plus bas. Et au-delà, on parle aussi des nouvelles formes de paiements : le paiement sans contact ou le « block chain », explique Henri Bourguinat, Professeur émérite d’économie à l’université Montesquieu-Bordeaux IV, « ce grand livre électronique évoqué à Davos, qui permettrait d’enregistrer entre pairs toutes les transactions cryptées, sans aucun intermédiaire. »
Si la révolution numérique est en marche, Henri Bourguinat revient dans Le Monde, sur cette disparition du cash annoncée : « à tous les niveaux, on s’acharne à décourager les règlements en espèces, de plus en plus considérés comme ringards, pour ne pas dire arriérés (…) Bien sûr, cela se comprend, eu égard à la commodité et à la rapidité sans cesse accrue d’une société de plus en plus pénétrée par le numérique. » En revanche, il ne se rallie pas à la cause. Une cause qui se généralise, notamment portée par Christine Lagarde, la directrice du Fonds monétaire international. Entre autres, elle adhère à une future « société sans cash. »
Pour le professeur d’économie à qui l’on doit notamment l’essai L’Arrogance de la finance. Comment la théorie financière a produit le krach, avec Eric Briys (La Découverte), la raison est autre. « Le recul désiré du rôle de l’argent liquide » peut ainsi s’expliquer par une certaine praticité ou par économie. Notamment, le fait d'économiser « les frais de la traque de la fausse monnaie ou de l’installation des coûteux automates bancaires ; sans doute entraverait-il fortement les opérations illicites (drogue, prostitution, commerce des armes, évasion fiscale et travail au noir). »
Pour autant, le fait de vouloir diminuer la place des espèces ne s’explique pas seulement par cela. En effet, pour Henri Bourguinat, « si le nombre des ralliements à la diminution, voire à la suppression du cash, explose, c’est d’abord parce que la politique monétaire actuelle s’épuise. » De plus, il estime que le désir de plus en plus prégnant de réduire l’argent liquide, est « directement liée à l’inefficacité de cette politique monétaire de surliquidité. » Et d’ajouter : « avec l’argent liquide détenu en espèces, la population disposerait d’un recours : entre des avoirs en billets ou en pièces qui ne rapporteraient rien et ceux qui seraient soumis à des taux négatifs qu’on leur imposerait pour garder leur argent en banque, l’arbitrage au profit du cash serait vite évident. »
Pire, la société sans cash, remplacée par le tout numérique, serait le moyen pour les décideurs - et là on comprend mieux leur souhait de supprimer l’argent liquide - de contrôler le système. Dans ce cas, mieux vaut raison garder et ne pas abandonner trop vite le cash. Même si indéniablement, il faut aussi laisser « la technique faire son œuvre », ajoute Henri Bourguinat. Avec la fin des espèces, on risquerait de trop favoriser les taux négatifs. Et ces derniers, si on ne fait pas attention, « finiront par miner la confiance qu’on doit avoir dans la monnaie. » Malgré tout, elle doit rester sonnante et trébuchante.
Si la révolution numérique est en marche, Henri Bourguinat revient dans Le Monde, sur cette disparition du cash annoncée : « à tous les niveaux, on s’acharne à décourager les règlements en espèces, de plus en plus considérés comme ringards, pour ne pas dire arriérés (…) Bien sûr, cela se comprend, eu égard à la commodité et à la rapidité sans cesse accrue d’une société de plus en plus pénétrée par le numérique. » En revanche, il ne se rallie pas à la cause. Une cause qui se généralise, notamment portée par Christine Lagarde, la directrice du Fonds monétaire international. Entre autres, elle adhère à une future « société sans cash. »
Pour le professeur d’économie à qui l’on doit notamment l’essai L’Arrogance de la finance. Comment la théorie financière a produit le krach, avec Eric Briys (La Découverte), la raison est autre. « Le recul désiré du rôle de l’argent liquide » peut ainsi s’expliquer par une certaine praticité ou par économie. Notamment, le fait d'économiser « les frais de la traque de la fausse monnaie ou de l’installation des coûteux automates bancaires ; sans doute entraverait-il fortement les opérations illicites (drogue, prostitution, commerce des armes, évasion fiscale et travail au noir). »
Pour autant, le fait de vouloir diminuer la place des espèces ne s’explique pas seulement par cela. En effet, pour Henri Bourguinat, « si le nombre des ralliements à la diminution, voire à la suppression du cash, explose, c’est d’abord parce que la politique monétaire actuelle s’épuise. » De plus, il estime que le désir de plus en plus prégnant de réduire l’argent liquide, est « directement liée à l’inefficacité de cette politique monétaire de surliquidité. » Et d’ajouter : « avec l’argent liquide détenu en espèces, la population disposerait d’un recours : entre des avoirs en billets ou en pièces qui ne rapporteraient rien et ceux qui seraient soumis à des taux négatifs qu’on leur imposerait pour garder leur argent en banque, l’arbitrage au profit du cash serait vite évident. »
Pire, la société sans cash, remplacée par le tout numérique, serait le moyen pour les décideurs - et là on comprend mieux leur souhait de supprimer l’argent liquide - de contrôler le système. Dans ce cas, mieux vaut raison garder et ne pas abandonner trop vite le cash. Même si indéniablement, il faut aussi laisser « la technique faire son œuvre », ajoute Henri Bourguinat. Avec la fin des espèces, on risquerait de trop favoriser les taux négatifs. Et ces derniers, si on ne fait pas attention, « finiront par miner la confiance qu’on doit avoir dans la monnaie. » Malgré tout, elle doit rester sonnante et trébuchante.