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Le règne de l’automesure







27 Octobre 2015

De plus en plus, on a tendance à tout mesurer : aliénation ou vrai progrès ?


Le règne de l’automesure
Automesure, mesure de soi ou Quantified Self en Anglais, c’est la grande tendance. Beaucoup cèdent, d’autres fustigent cette pratique car elle peut vite devenir obsessionnelle, remplacer une addiction par une autre. De quoi s’agit-il ? C’est le fait de mesurer soi-même, par le biais d’applications mobiles ou d’objets connectés comme des bracelets, des brassards, des ceintures ou des montres, différents paramètres de santé comme le rythme cardiaque, l’hypertension artérielle, le poids, la température. Mais aussi le nombre de pas ou de kilomètres parcourus, de calories ingérées ou de calories perdues au cours d’un effort, le taux de glucose dans le sang, les cycles de sommeil, les « coups de fourchette par minute » cite aussi Le Monde
 
Avec des capteurs embarqués, tout se mesure donc. Et dans la même veine, tout se partage. Par le biais d’appli comme Garmin Fit, qui calcule par exemple, le nombre de kilomètres parcourus en combien de temps et à quelle allure, les résultats une fois connus, peuvent être immédiatement postés sur Facebook, sur le « site communautaire Garmin Connect », ou son concurrent Fitbit. C’est le règne de l’automesure. Phénomène, comme beaucoup d’autres, qui provient de Californie. Dans la même veine, chaque jour, des applications sont développées de façon à tout mesurer : « la quantité de caféine absorbée, de cigarettes non fumées, observer les cycles menstruels et même chiffrer les ébats sexuels », rapporte Le Monde.
 
Tout calculer donc, mais parfois aussi jusqu’à l’écœurement. Pourtant, les Français sont fans : sur les 23 % de Français possédant au moins un objet connecté, 64 % d’entre eux ont à voir avec le sport. Et encore, ce n’est qu’un début. D’ici cinq ans, on prévoit que chaque foyer aura à sa disposition, jusqu’à trente objets connectés de type traqueurs d’activité. « Il s’agit d’interactions persuasives, qui engagent l’individu à relever des défis, à se lancer dans la compétition, à changer de comportement », explique au Monde, Franck Poirier, spécialiste de l’interaction homme-machine à l’université de Bretagne-Sud.
 
C’est un peu la carotte en somme, ou le coup de bâton : objectifs à atteindre, défis à relever, dépassement de soi, comparaison avec les amis, émulation, culte de la performance, messages de soutien et contentement si on a réussi à perdre du poids, à arrêter de fumer… « J’éprouve une petite joie lorsque quelqu’un m’encourage ; certaines personnes mettent mes tweets en favoris, alors qu’ils ne me connaissent même pas ! », raconte au Monde, Isabelle Hoet twitte, une coach de 48 ans qui s’entraîne avec l’application Nike + Running de Nike. A coup d’applis, de mouchards ou de pèse personne connecté, on comprend que l’automesure devienne une pratique addictive. Tyrannie ? Oui.