Après les gilets jaunes, les livres jaunes
Le 11 décembre dernier, un journaliste de l’Express titrait déjà un papier : « Après les gilets jaunes, les livres jaunes ? » (1). Il s’adressait alors à Christophe Castaner : « Le ministre de l’Intérieur serait bien inspiré de scruter plus souvent notre classement des meilleures ventes d’essais et documents. Il pourrait y lire entre les lignes la montée des inquiétudes dans notre pays. » Pour le journaliste, certains succès de l’hiver dernier semblaient particulièrement en résonance avec le mouvement que la France connaît depuis de longues semaines. À commencer par Une histoire populaire de la France, de Gérard Noiriel, publiée aux éditions Agone.
Depuis novembre dernier le mouvement des Gilets jaunes a pris place dans la vie des Français. D’abord dans les ronds-points, puis dans les médias, maintenant dans les esprits. D’où un phénomène d’édition inhabituel dont François Bernard Huyghe, Xavier Desmaison et Damien Liccia et VA Editions ont la primeur avec le premier essai de fond sur les Gilets jaunes publié dès le mois de janvier : « Dans la tête des Gilets jaunes ». Les ventes prouvent immédiatement l’intérêt du public pour le sujet. Et cela dure, comme le mouvement lui-même.
Le souci de ne pas baisser la tête
Les auteurs de l’essai, François Bernard Huyghe, Xavier Desmaison et Damien Liccia, se placent eux-mêmes dans un temps long : « Le marathon se poursuit. Le mouvement des Gilets jaunes sort de sa dixième manifestation hebdomadaire. À ce stade c’est plus qu’un rituel, cela ressemble à une guerre d’usure. Le thème du « on ne cédera pas », ou « on tiendra » revient de plus en plus dans leur bouche, comme une marque de fierté. Face au mépris qu’ils ressentent de la part des élites, face au mantra médiatique des « violences inouïes et inacceptables », face aux accusations de s’en prendre aux valeurs de la République, face à l’usure annoncée, face à l’argument qu’ils poursuivent un combat inutile puisque le Grand débat a commencé en fanfare, les Gilets jaunes placent le conflit sur le plan de l’honneur : le souci de ne pas baisser la tête. » (2)
Face à cela, la réponse gouvernementale consiste notamment à recadrer l’affrontement : « En répétant l’injonction rituelle de condamner toute violence par nature antidémocratique, en demandant à chaque interlocuteur d’assurer son respect de l’ordre et de la loi on joue sur le ressort du parti de l’ordre. » Pour François-Bernard Huyghe, cette manœuvre a « un effet inhibiteur certain », elle remplit sa « fonction incapacitante ».
La guerre d’usure continue
Mais la réponse consiste surtout dans le Grand débat que le président veut solliciter : « Lançant une sorte de marathon de la parole le chef de l’État occupe surabondamment la scène. Pendant des heures télévisées en direct il offre le spectacle de sa performance, il personnifie le débat charnellement. Sorte de télévangéliste qui tombe la veste, le Président « incarne » le dialogue par sa présence physique et par son art de rebondir sur n’importe quel sujet. »
Comment François Bernard Huyghe, Xavier Desmaison et Damien Liccia voient-ils la suite ? Pour eux, c’est un marathon. Leur livre y trouve un terreau favorable. Mais, pour une fois, ce succès éditorial est le fait d’une petite maison d’édition, VA Editions. Bizarrement, les grandes maisons n’ont pas encore bougé, comme tétanisées. Un signe des temps ?
(1) https://www.lexpress.fr/culture/livre/apres-les-gilets-jaunes-les-livres-jaunes_2051922.html
(2) https://www.journaldeleconomie.fr/Gilets-Jaunes-Dix-manifestations-et-une-guerre-d-usure_a6843.html
Le 11 décembre dernier, un journaliste de l’Express titrait déjà un papier : « Après les gilets jaunes, les livres jaunes ? » (1). Il s’adressait alors à Christophe Castaner : « Le ministre de l’Intérieur serait bien inspiré de scruter plus souvent notre classement des meilleures ventes d’essais et documents. Il pourrait y lire entre les lignes la montée des inquiétudes dans notre pays. » Pour le journaliste, certains succès de l’hiver dernier semblaient particulièrement en résonance avec le mouvement que la France connaît depuis de longues semaines. À commencer par Une histoire populaire de la France, de Gérard Noiriel, publiée aux éditions Agone.
Depuis novembre dernier le mouvement des Gilets jaunes a pris place dans la vie des Français. D’abord dans les ronds-points, puis dans les médias, maintenant dans les esprits. D’où un phénomène d’édition inhabituel dont François Bernard Huyghe, Xavier Desmaison et Damien Liccia et VA Editions ont la primeur avec le premier essai de fond sur les Gilets jaunes publié dès le mois de janvier : « Dans la tête des Gilets jaunes ». Les ventes prouvent immédiatement l’intérêt du public pour le sujet. Et cela dure, comme le mouvement lui-même.
Le souci de ne pas baisser la tête
Les auteurs de l’essai, François Bernard Huyghe, Xavier Desmaison et Damien Liccia, se placent eux-mêmes dans un temps long : « Le marathon se poursuit. Le mouvement des Gilets jaunes sort de sa dixième manifestation hebdomadaire. À ce stade c’est plus qu’un rituel, cela ressemble à une guerre d’usure. Le thème du « on ne cédera pas », ou « on tiendra » revient de plus en plus dans leur bouche, comme une marque de fierté. Face au mépris qu’ils ressentent de la part des élites, face au mantra médiatique des « violences inouïes et inacceptables », face aux accusations de s’en prendre aux valeurs de la République, face à l’usure annoncée, face à l’argument qu’ils poursuivent un combat inutile puisque le Grand débat a commencé en fanfare, les Gilets jaunes placent le conflit sur le plan de l’honneur : le souci de ne pas baisser la tête. » (2)
Face à cela, la réponse gouvernementale consiste notamment à recadrer l’affrontement : « En répétant l’injonction rituelle de condamner toute violence par nature antidémocratique, en demandant à chaque interlocuteur d’assurer son respect de l’ordre et de la loi on joue sur le ressort du parti de l’ordre. » Pour François-Bernard Huyghe, cette manœuvre a « un effet inhibiteur certain », elle remplit sa « fonction incapacitante ».
La guerre d’usure continue
Mais la réponse consiste surtout dans le Grand débat que le président veut solliciter : « Lançant une sorte de marathon de la parole le chef de l’État occupe surabondamment la scène. Pendant des heures télévisées en direct il offre le spectacle de sa performance, il personnifie le débat charnellement. Sorte de télévangéliste qui tombe la veste, le Président « incarne » le dialogue par sa présence physique et par son art de rebondir sur n’importe quel sujet. »
Comment François Bernard Huyghe, Xavier Desmaison et Damien Liccia voient-ils la suite ? Pour eux, c’est un marathon. Leur livre y trouve un terreau favorable. Mais, pour une fois, ce succès éditorial est le fait d’une petite maison d’édition, VA Editions. Bizarrement, les grandes maisons n’ont pas encore bougé, comme tétanisées. Un signe des temps ?
(1) https://www.lexpress.fr/culture/livre/apres-les-gilets-jaunes-les-livres-jaunes_2051922.html
(2) https://www.journaldeleconomie.fr/Gilets-Jaunes-Dix-manifestations-et-une-guerre-d-usure_a6843.html
« Dans la tête des gilets jaunes » de François Bernard Huyghe, Xavier Desmaison et Damien Liccia, Éditions VA Press, 14 €