Spectacle et marchandise. C'est en ces termes que le psychanalyste Roland Gori décrit les succès phénoménaux des deux livres de Non-Fiction qui cartonnent en ce moment : Merci pour ce moment de Valérie Trierweiler (Les Arènes), et Le suicide français d'Éric Zemmour (Albin Michel). Dans un entretien au magazine Livres Hebdo, il revient sur ces success-stories caractéristiques de la société actuelle : « Le succès médiatique des ces deux titres me paraît symptomatique de notre culture », explique le psychanalyste. Les deux livres caracolent en tête des ventes. Ils s’illustrent dans un marché du « voyeurisme » dans le cas de Valérie Trierweiler et de « l’opinion réactionnaire » pour Éric Zemmour. Dans les deux cas, on est dans un registre qui tient plus du spectacle que de la lecture, celui « des images » au détriment de celui des « idées » ou de la pensée.
L’analyse de Roland Gori va plus loin. Pour lui, ces ouvrages sont le reflet d’une société qui met en avant, spectacle et produits contre des valeurs plus nobles. Ces dernières notions occupent par ailleurs aujourd’hui, une place extrêmement importante dans la vie sociale. On peut évidemment le regretter à plus forte raison car elles érigent la culture en industrie culturelle et le « débat démocratique en spectacles d’opinion. » Voilà pour les nouvelles valeurs. Si ces deux textes n’ont pas grand chose en commun, ce qu’ils produisent l’est. Ils induisent « l ‘émotion, l’humeur, plus que les idées ou la réflexion », souligne Roland Gori, l’auteur de La fabrique des imposteurs, paru en 2013 aux éditions Les Liens qui libèrent.
Le livre de Valérie Trierweiler est guidé par la vengeance et probablement le désir de reconstruction, quand celui d’Éric Zemmour est un « récit collectif de politique révolutionnaire restauratrice, visant à promouvoir des idées qui existent dans l’opinion et font le succès de l’extrême-droite. » Roland Gori parle ainsi des « opinions d’estomac » qui s’appuient sur la peur, le découragement et le ressentiment.
Dans les deux cas, les auteurs appartiennent au monde des médias. Valérie Trierweiler est journaliste politique, ce qui est loin d'être anodin. Éric Zemmour a fait de son rôle de polémiste audiovisuel sa marque de fabrique. La promotion de leurs livres se fait d’ailleurs essentiellement dans les médias : « c’est une logique d’audimat », remarque Roland Gori. Et par là même, un genre de superproduction de la société du spectacle décriée par le situationniste Guy Debord. La culture du « tittytainment », contraction de tits, seins en argot américain, et entertainment, le divertissement, comme l’appelle le politologue américain d’origine polonaise, Zbigniew Brzezinski.
En gros, il s’agit de divertir l’opinion publique avec des textes simples, accessibles, écrits efficacement par des journalistes. Le but, en divertissant, est évidemment d'éloigner les gens de la « crise économique, sociale et culturelle. » Ces livres sont des produits, des biens de consommation éphémères qui reflètent allègrement notre société actuelle, «la société marchande et de spectacle» selon Roland Gori. Les résultats phénoménaux en terme de vente, en disent long sur une certaine « météo de l’opinion » en plein déficit de sens. Merci pour ces livres, Valérie et Éric.
La fabrique des imposteurs, Roland Gori, (Les liens qui libèrent).
L’analyse de Roland Gori va plus loin. Pour lui, ces ouvrages sont le reflet d’une société qui met en avant, spectacle et produits contre des valeurs plus nobles. Ces dernières notions occupent par ailleurs aujourd’hui, une place extrêmement importante dans la vie sociale. On peut évidemment le regretter à plus forte raison car elles érigent la culture en industrie culturelle et le « débat démocratique en spectacles d’opinion. » Voilà pour les nouvelles valeurs. Si ces deux textes n’ont pas grand chose en commun, ce qu’ils produisent l’est. Ils induisent « l ‘émotion, l’humeur, plus que les idées ou la réflexion », souligne Roland Gori, l’auteur de La fabrique des imposteurs, paru en 2013 aux éditions Les Liens qui libèrent.
Le livre de Valérie Trierweiler est guidé par la vengeance et probablement le désir de reconstruction, quand celui d’Éric Zemmour est un « récit collectif de politique révolutionnaire restauratrice, visant à promouvoir des idées qui existent dans l’opinion et font le succès de l’extrême-droite. » Roland Gori parle ainsi des « opinions d’estomac » qui s’appuient sur la peur, le découragement et le ressentiment.
Dans les deux cas, les auteurs appartiennent au monde des médias. Valérie Trierweiler est journaliste politique, ce qui est loin d'être anodin. Éric Zemmour a fait de son rôle de polémiste audiovisuel sa marque de fabrique. La promotion de leurs livres se fait d’ailleurs essentiellement dans les médias : « c’est une logique d’audimat », remarque Roland Gori. Et par là même, un genre de superproduction de la société du spectacle décriée par le situationniste Guy Debord. La culture du « tittytainment », contraction de tits, seins en argot américain, et entertainment, le divertissement, comme l’appelle le politologue américain d’origine polonaise, Zbigniew Brzezinski.
En gros, il s’agit de divertir l’opinion publique avec des textes simples, accessibles, écrits efficacement par des journalistes. Le but, en divertissant, est évidemment d'éloigner les gens de la « crise économique, sociale et culturelle. » Ces livres sont des produits, des biens de consommation éphémères qui reflètent allègrement notre société actuelle, «la société marchande et de spectacle» selon Roland Gori. Les résultats phénoménaux en terme de vente, en disent long sur une certaine « météo de l’opinion » en plein déficit de sens. Merci pour ces livres, Valérie et Éric.
La fabrique des imposteurs, Roland Gori, (Les liens qui libèrent).