Pierre Ambroise François Choderlos de Laclos est un auteur pour le moins discret du panthéon littéraire français. Il ne se fait véritablement connaître du monde des lettres que par la publication en 1782 des Liaisons Dangereuses. Ce roman original tant par la forme que par le fonds continue d’alimenter jusqu’à aujourd’hui les fantasmes et les interrogations des lecteurs.
Les Liaisons Dangereuses sont un roman épistolaire. Ce recueil de lettres ne présente rien de moins que les correspondances de quelques nobles pris dans des intrigues libertines. Une thématique aussi complexe qu’inattendue de la part de l’auteur puisque Choderlos de Laclos est militaire de profession, et qu’il se lie d’ailleurs l’année suivant la publication de son roman à Marie-Soulange Duperré, et ce pour le reste de sa vie.
Pour les besoins de son analyse, Biancamaria Fontana exploite d’ailleurs les correspondances entre l’auteur et sa compagne. Ces lettres personnelles constituent l’une des rares sources d’information personnelles sur l’auteur et dépeignent contre toute attente un homme aimant et fidèle ; des traits que sont loin de partager les personnages de son célèbre roman. Le sentimentalisme de l’auteur transparait particulièrement dans ses missives écrites depuis la prison où il est cloîtré quelques mois durant les tumultes de la révolution.
De ces lettres, le roman semble ne partager que le style détaillé de Choderlos de Laclos. Ce sens du détail, l’auteur a eu tout le loisir de l’exercer durant sa carrière militaire. Engagé à l’issue de la guerre de Sept Ans, la paix qui s’en suit ne lui donnera véritablement jamais l’occasion de réaliser quelconques faits d’armes. Tout au plus est-il à l’origine de quelques innovations balistiques. Malgré son esprit vif et innovant, ses fonctions ne lui procurent pas l’excitation à laquelle il aspirait. Il se tourne donc vers la littérature et après quelques essais, finit par poser sur le papier le roman qui me mènera à la postérité.
Produit paradoxal de l’ennui prolongé de son auteur, Les Liaisons Dangereuses sont donc bien plus qu’une simple fiction-choc faisant lumière sur les mœurs les plus discutables de l’aristocratie de l’époque. D’après Biancamaria Fontana, Choderlos de Laclos, dont on sait qu’il a toujours été un grand admirateur de de La Nouvelle Eloïse et de la vision sentimentale du couple proposé par Rousseau, propose en fait avec ses Liaisons Dangereuses une description circonstanciée de l’amour et de ces jeux. L’amour est donc tantôt idéalisé, tantôt présenté comme le trophée de la froide manipulation et du calcul stratégique. Choderlos de Laclos n’a ainsi de cesse de confronter dans son livre les conceptions sentimentales et utilitaires des rapports entre hommes et femme.
Il n’est pas impossible que l’auteur de ce roman ait voulu, en présentant les excès et les dangers du libertinage, dénoncer les risques que faisait alors peser la corruption morale des institutions à la veille de la Révolution. Selon Biancamaria Fontana, la préface des Liaisons Dangereuses rattache d’ailleurs explicitement le livre au courant littéraire moralisateur de la fin du XVIIIe siècle et dont Rousseau est l’un des représentants. Mais ce livre est aussi rattaché à la littérature libertine, de par son thème même et par la posture légitime avec laquelle il présente ses personnages. Pour Biancamaria Fontana, cette ambiguïté touche au cœur de génie de Choderlos de Laclos puisque l’auteur se contente d’opposer deux conceptions du bonheur, sans pour autant donner le primat à l’une ou à l’autre. Suggérant ainsi que ce choix ne peut être qu’éthique, personnel et certainement imparfait, Choderlos de Laclos signe un roman à la fois moderne et subtil, et un classique toujours actuel plus de deux siècles après sa parution.
Les Liaisons Dangereuses sont un roman épistolaire. Ce recueil de lettres ne présente rien de moins que les correspondances de quelques nobles pris dans des intrigues libertines. Une thématique aussi complexe qu’inattendue de la part de l’auteur puisque Choderlos de Laclos est militaire de profession, et qu’il se lie d’ailleurs l’année suivant la publication de son roman à Marie-Soulange Duperré, et ce pour le reste de sa vie.
Pour les besoins de son analyse, Biancamaria Fontana exploite d’ailleurs les correspondances entre l’auteur et sa compagne. Ces lettres personnelles constituent l’une des rares sources d’information personnelles sur l’auteur et dépeignent contre toute attente un homme aimant et fidèle ; des traits que sont loin de partager les personnages de son célèbre roman. Le sentimentalisme de l’auteur transparait particulièrement dans ses missives écrites depuis la prison où il est cloîtré quelques mois durant les tumultes de la révolution.
De ces lettres, le roman semble ne partager que le style détaillé de Choderlos de Laclos. Ce sens du détail, l’auteur a eu tout le loisir de l’exercer durant sa carrière militaire. Engagé à l’issue de la guerre de Sept Ans, la paix qui s’en suit ne lui donnera véritablement jamais l’occasion de réaliser quelconques faits d’armes. Tout au plus est-il à l’origine de quelques innovations balistiques. Malgré son esprit vif et innovant, ses fonctions ne lui procurent pas l’excitation à laquelle il aspirait. Il se tourne donc vers la littérature et après quelques essais, finit par poser sur le papier le roman qui me mènera à la postérité.
Produit paradoxal de l’ennui prolongé de son auteur, Les Liaisons Dangereuses sont donc bien plus qu’une simple fiction-choc faisant lumière sur les mœurs les plus discutables de l’aristocratie de l’époque. D’après Biancamaria Fontana, Choderlos de Laclos, dont on sait qu’il a toujours été un grand admirateur de de La Nouvelle Eloïse et de la vision sentimentale du couple proposé par Rousseau, propose en fait avec ses Liaisons Dangereuses une description circonstanciée de l’amour et de ces jeux. L’amour est donc tantôt idéalisé, tantôt présenté comme le trophée de la froide manipulation et du calcul stratégique. Choderlos de Laclos n’a ainsi de cesse de confronter dans son livre les conceptions sentimentales et utilitaires des rapports entre hommes et femme.
Il n’est pas impossible que l’auteur de ce roman ait voulu, en présentant les excès et les dangers du libertinage, dénoncer les risques que faisait alors peser la corruption morale des institutions à la veille de la Révolution. Selon Biancamaria Fontana, la préface des Liaisons Dangereuses rattache d’ailleurs explicitement le livre au courant littéraire moralisateur de la fin du XVIIIe siècle et dont Rousseau est l’un des représentants. Mais ce livre est aussi rattaché à la littérature libertine, de par son thème même et par la posture légitime avec laquelle il présente ses personnages. Pour Biancamaria Fontana, cette ambiguïté touche au cœur de génie de Choderlos de Laclos puisque l’auteur se contente d’opposer deux conceptions du bonheur, sans pour autant donner le primat à l’une ou à l’autre. Suggérant ainsi que ce choix ne peut être qu’éthique, personnel et certainement imparfait, Choderlos de Laclos signe un roman à la fois moderne et subtil, et un classique toujours actuel plus de deux siècles après sa parution.
(1)FONTANA, B., Du Boudoir à la Révolution – Laclos et « Les Liaisons Dangeureuses » dans leur siècle, Éd. Agone, Col. Banc d’essais, 2013, 220 pp..