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Le Service National Universel coûterait trois milliards de plus par an que prévu







13 Septembre 2024

Le Service National Universel (SNU), lancé en 2019 par le gouvernement français pour promouvoir la cohésion sociale et l’engagement citoyen des jeunes, a récemment fait l’objet d’une évaluation approfondie par la Cour des comptes. Le rapport, publié le 13 septembre 2024, dresse un tableau critique des aspects économiques et organisationnels du programme. Parmi les points soulevés, l’institution pointe notamment un sous-estimation des coûts et des incertitudes sur la capacité à généraliser le dispositif dans des conditions optimales.


Le SNU : un coût de généralisation largement sous-estimé

L’un des premiers éléments mis en avant par la Cour des comptes concerne le coût réel du SNU. Le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse avait initialement estimé le budget annuel à environ 2 milliards d’euros pour la généralisation du programme à l’ensemble d’une classe d’âge d’ici 2026. Cependant, la Cour juge ces prévisions trop optimistes. Selon ses estimations, le coût pourrait se situer entre 3,5 et 5 milliards d’euros par an

Cette évaluation inclut l’ensemble des phases du programme, qui vont au-delà du simple « séjour de cohésion » de 12 jours. La Cour prend également en compte les coûts liés aux missions d’intérêt général, aux engagements volontaires à long terme, ainsi qu'aux investissements futurs pour les infrastructures d’hébergement. De plus, elle anticipe des surcoûts dus à l’évolution du dispositif, notamment en ce qui concerne la gestion logistique et la montée en charge des effectifs.

Des investissements non anticipés pour répondre aux exigences du SNU

La Cour des comptes alerte également sur l'absence de prise en compte de certains investissements nécessaires à la pérennisation du SNU. La généralisation du programme nécessiterait la construction ou l’aménagement d’au moins 500 centres d’accueil permanents pour héberger les jeunes participants. À cela s’ajoute la nécessité de recruter et de former environ 15 000 encadrants pour assurer le bon déroulement des activités, surtout si le programme est intégré au temps scolaire. Or, ces investissements structurels n’ont pas été suffisamment anticipés, d’après la Cour.

Au-delà des coûts immédiats, la Cour des comptes remet en question la viabilité à long terme du modèle économique proposé pour le SNU. L'institution souligne que le cadre financier actuel n'est pas adapté pour absorber l'intégralité des dépenses liées à la montée en charge du programme. En l'état, la loi de programmation des finances publiques pour 2023-2027 n'est pas compatible avec une généralisation du SNU. Un autre point important soulevé par la Cour des comptes est la gouvernance du programme. Malgré la double tutelle des ministères de la Jeunesse et des Armées, le rapport pointe une implication limitée de ce dernier dans la gestion du dispositif.