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En Afghanistan, la Chine récolte sans avoir semé



Journaliste pour VA Press. En savoir plus sur cet auteur




30 Juillet 2021

La visite d’une délégation de talibans à Pékin est un épisode politique lourd de sens. De part et d’autre, le positionnement stratégique est aux antipodes des actes ou discours habituels.


Creative Commons - Pixabay
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Les talibans sont attachés à l’Islam et aux peuples opprimés ? Ils se rapprochent pourtant du pays qui procède à la répression la plus forte de ses minorités musulmanes. La Chine emprisonne les Ouïghours pour barbes ou tenues traditionnelles ? Cela ne l’empêche pas de recevoir trois neuf dirigeants talibans en tenues et barbes. Alors que les Etats-Unis accélèrent leur départ du pays et que le risque de voir leurs ennemis de toujours prendre le pouvoir, Pékin s’est empressé de placer ses pions.

« « Les talibans sont une force politique et militaire cruciale en Afghanistan », a déclaré, mercredi 28 juillet, le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, ajoutant qu’il espérait les voir « jouer un rôle important dans le processus de paix, de réconciliation et de reconstruction en Afghanistan ». Cette main tendue de Pékin à des talibans en mal de reconnaissance internationale est un exercice de realpolitik pour la Chine, inquiète de la sécurité de ses frontières, et en particulier du risque que l’Afghanistan puisse servir de refuge à des combattants islamistes ouïgours » raconte Le Monde .

Les 27 et 28 juillet, cette visite politique menée par Abdul Ghani Baradar, numéro 2 des talibans, visait surtout à ne pas se mettre la Chine à dos. Quitte à montrer un visage aux antipodes de celui que leur propagande islamiste cherche à renvoyer. « L’émirat islamique a assuré à la Chine que le sol afghan ne serait pas utilisé contre la sécurité du pays. Ils ont promis de ne pas interférer dans les affaires de l’Afghanistan, mais plutôt d’aider à résoudre les problèmes et d’apporter la paix », a dit à l’AFP le porte-parole des talibans. Ce qui en somme a le mérite d’être clair : les minorités musulmanes réprimées violemment par la Chine n’auront aucun secours. D’autant que l’engagement du porte-parole interroge sur le sort des bases des indépendantistes ouïgours du Parti islamique du Turkestan (ETIM).